La Daronne de Hannelore Cayre

La Daronne de Hannelore CayreLa daronne

Hannelore Cayre

Métailié noir

2017

171 pages

Petit roman sympathique,  lu parce que la blogosphère le portait aux nues.

Une femme seule  traduit des heures d’écoutes téléphoniques d’arabe en français. Elle travaille pour la justice mais au black. Formidable, non ? Hannelore Cayre, avocate pénaliste, doit savoir de quoi elle parle lorsqu’elle met l’accent sur cette incohérence de l’administration :

« Sinon, j’étais payée au noir par le ministère qui m’employait et ne déclarait aucun impôt.

Un vrai karma décidément.

C’est d’ailleurs assez effrayant quand on y pense, que les traducteurs sur lesquels repose la sécurité nationale, ceux-là mêmes qui traduisent en direct les complots fomentés par les islamistes de cave et de garage, soient des travailleurs clandestins sans sécu ni retraite. Franchement comme incorruptibilité on fait mieux, non ? »

A force d’entendre des kilomètres de dialogues de dealers, elle décide, un beau jour, de passer du côté obscur de la force…  L’occasion fait la laronne. C’est alors qu’elle devient la fameuse Daronne.

Je m’attendais à une écriture plus « trash », plus osée, plus corrosive. Il y a de très bons passages mais c’est un peu inégal et malheureusement, la fin est trop rapide, je ne dirai pas bâclée, mais presque.

Cela ne m’a pas empêchée de lire les trois quarts du roman, un petit sourire aux lèvres. L’humour y est très présent. Un humour noir, un peu caustique parfois, comme je l’apprécie.

Certains traits sont un peu forcés, un peu caricaturés. Je prends pour exemple ce que, malheureusement, je ne connais que trop bien : les maisons de retraite. L’essentiel est plutôt juste. La figure de cette femme atteinte d’Alzheimer et qui déambule est authentique (j’ai beaucoup aimé sa fin, soit dit en passant) mais certains passages sont exagérés me semble-t-il. Alors, quand l’auteure évoque les malfrats, la justice, peut-être force-t-elle aussi le trait. Mais, ceci dit, si le lecteur entre dans le monde de Patience Portefeux sans aucune réticence, ça glisse tout seul.

Néanmoins, je pense que ce roman ferait une bonne adaptation cinématographique. Le personnage principal est très réussi, tout en nuances, et il permet à l’auteure de dresser un portrait bien sombre de notre société, des couples, du monde judiciaire et des EHPAD.

Cette petite collectionneuse de feux d’artifice est touchante et son regard désabusé porté sur le monde est détonnant.



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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois