Les vies de papier de Rabih Alameddine

vies papier Rabih Alameddine

Aaliya, 72 ans, est beyrouthine. Sans faire de bruit, elle a toujours suivi son chemin, peu en accord avec les conventions de son pays.

Elle revient sur son parcours, sa vie, par évocations, sans réelle chronologie, et égrène les rencontres, les anecdotes, les lectures marquantes, comme une petite musique, elle qui est passionnée d’opéras.

C’est, davantage qu’un roman, le portrait d’une femme qui revient sur ses choix de vie, ses expériences, ses rencontres qu’elles soient réelles ou littéraires. Le livre est d’ailleurs émaillé de nombreuses citations. Ses voisines tiennent également une grande place, et semblent symptomatiques d’une société et d’une culture avec leur curiosité mais aussi leur bienveillance. C’est grâce à elles qu’on découvre le secret d’Aaliya, libraire déclarée mais surtout traductrice cachée.

Le propos pourrait sembler décousu, mais j’ai davantage eu l’impression d’un portrait tout en nuances, en petites touches. Le portrait de cette femme bien sûr, mais aussi fresque d’une époque, et image d’une ville. C’est d’ailleurs ce que je cherchais en choisissant cette lecture, voir apparaître la ville derrière les mots. Et c’est bien ce que j’ai ressenti, une atmosphère particulière.

Un livre un peu déroutant, qui me laisse un sentiment mitigé. Une lecture assez agréable mais qui finalement laissera peu de traces.

Rabih Alameddine, né en 1959 à Amman en Jordanie, est un peintre et écrivain libano-américain.

Les vies de papier a été publié en août 2016 par les éditions Les Escales (20,90€). Le livre a obtenu le prix Fémina étranger.

Morceaux choisis :

« Les Londoniens de Dickens sont plus fiables que les Libanais. Beyrouth et ses habitants sont joyeusement et tristement célèbres pour leur imprévisibilité. Chaque jour est une aventure. »

« Je pensais lire un nouveau livre aujourd’hui, ais cela ne me semble pas judicieux, ou je n’en ai pas envie. Certains jours ne sont pas des jours à nouveau livre. »

« La cage d’escalier n’est plus exposée aux regards ni accueillante. Il y a quinze ans, en 1995, des murets à mi-hauteur ont été construits afin de protéger le bâtiment des balles sifflantes qui ne sifflaient plus. Ils sont moches,d ‘aspect artificiel. C’était dans le cadre de la rénovation d’après la guerre civile, ils étaient censés servir des objectifs de défense tout en conservant le caractère « Vieux Beyrouth » du bâtiment, avec l’escalier commun relativement à découvert. Comme presque tout ce qui est libanais, ils sont arrivés une fois passée la période où on en avait le plus besoin. »

« Aucune voiture ne ralentira pour me laisser traverser – cela ne s’est encore jamais produit, cela ne se produira jamais. je me faufile entre les véhicules, je danse la disco beyrouthine pour atteindre l’autre côté. »

« Beyrouth change ses accessoires éblouissants plus souvent que ses dames de la bonne société ; elle a assurément plus de teintes et de couleurs. Elle scintille. Selon la période de l’année, l’heure du jour, le temps qu’il fait et bon nombre d’autres variables, ses bandes de lumière se métamorphosent. Le scintillement – réel, pas métaphorique – est la conséquence de la situation géographique, entre la Méditerranée iridescente  et les montagnes. promontoire affrontant la mer, Beyrouth se tient telle une sentinelle criarde, Horace et Marcellus parés de babioles brillantes. Elisée Reclus qualifia Byblos de volupté déifiée, mais c’est là sans doute une description qui correspond davantage à ma Beyrouth.

« Alors que la plupart des gens vous diront qu’ils préfèrent la ville les après-midi de printemps, quand elle emplit ses poumons d’air salé, lorsque les bougainvilliers, pourpres et écarlates, et les glycine, lavande et blanches, commencent à fleurir, ou au moment des couchers de soleil d’été, quand l’eau est recouverte d’une panoplie or et jacinthe  si vive que la ville tangue pratiquement sur son promontoire, je la préfère dans cette lumière tamisée, sous le roulis de nuages gris, saturés de pluie, mais il ne pleut pas, lorsque l’air neutre fournit un contraste avec les couleurs authentiques de la ville. »

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à me suivre sur Facebook !

Classé dans:Romans adultes Tagged: Les Escales, Littérature américaine, Littérature libanaise

wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois