Lisez bon sang !

Lisez bon sang !

“Le monde va mal ma p’tite dame. Y a le racisme, la guerre, l’homophobie, la maltraitance animale et la pollution, les politiciens corrompus, les patrons qui profitent de nous….”

Cette diatribe sans fin je l’entend en permanence sur mon lieu de travail, dans le journal télévisé, sur les réseaux sociaux et vous allez peut-être me prendre pour une dingue mais je trouve que c’est une bonne nouvelle, une très bonne nouvelle même. En fait c’est même la meilleure qui soit.

“Mais elle est cinglée celle-là ? Une bonne nouvelle le terrorisme ? Une bonne nouvelle la maltraitance des animaux ? Une bonne nouvelle les homos et les arabes qui se font taper dessus dans la rue juste à cause de leur préférences ou de leur couleur ?”. Oui et je vais vous expliquer pourquoi.

Quand on est né avec tout “tout cru dans le bec” on ne peut pas comprendre mais lorsque comme moi on est né femme, issue d’une minorité, d’une famille pauvre au point de chercher de la nourriture dans les poubelles et qu’on n’est pas jolie comme Cindy Crawford on peut avoir deux réactions : la première de se plaindre qu’on a rien et la seconde de se dire que puisqu’on a rien on n’a rien à perdre non plus.

Puisque j’ai décidé de faire partie de la seconde catégorie il a donc fallu que je pallie les manques par l’observation et l’étude. Observer est à la portée de tous gratuitement et si vous pouvez entrer dans une bibliothèque municipale vous avez accès à la seconde gratuitement aussi. Ce n’est pas rapide. Ce n’est pas une partie de plaisir. Mais il n’y a pas le choix. Dans notre monde il n’y a que deux manières d’acquérir quelque chose : soit rapidement en payant soit très difficilement et lentement mais gratuitement.

Donc, oui, au cours de ma vie et encore aujourd’hui je subis le racisme et oui pendant longtemps je n’ai pas mangé à ma faim mais j’ai pu observer quelque chose de stupéfiant : ce qui hier passait dans l’indifférence générale fait aujourd’hui le plus grand des scandales. Il y a cent an l’esclavage existait encore. Il y a quatre vingt ans un pays européen très voisin faisait brûler des millions de personnes dans des chambres à gaz à cause de leur appartenance ethnique. Il y a moins de trente ans personne ne se serait offusqué qu’on m’appelle “la beurette” ou qu’on parle des “bicots”, Il y a trente ans je n’aurais rien pu faire sans autorisation parentale ou de mon mari, même pas ouvrir un bancaire ou travailler. Il y a trente ans les journaux criaient au scandale et les journalistes passaient au tribunal ou étaient virés pour une plaisanterie sur un homme politique ou pour avoir dénoncé un scandale. Il y a trente ans on envoyait des paquets de riz aux pays en guerre pour fermer les yeux sur les horreurs qui s’y passent et il y a seulement dix ans qui aurait osé ouvertement dire qu’il était homosexuel ? Il y a 15 ans vous trouveriez un ordinateur dans chaque maison et des bornes internet partout ? Quand vous étiez enfant croyez vous vraiment qu’un journal publierait un article sur la torture d’un chat des rues ?

Je travaille dans un service social. Même la plus pauvre des personnes que je suis, a un téléphone portable. Vous rappelez-vous de quand date le téléphone portable et que c’était un tel luxe que certain se baladaient avec un modèle en carton ou plastique factice pour draguer ?

Alors oui il y a toutes ces choses horribles mais l’humanité s’améliore, elle s’indigne, elle se sensibilise. Je reconnais que c’est lent, très lent, trop lent. Il reste des îlots gigantesques de gens durs, arriérés, sauvages, mal éduqués et contre eux il n’y a qu’une arme efficace : l’éducation et donc la lecture.

Plus le monde lira plus il se développera tant psychologiquement que spirituellement. Plus les gens liront et plus il s’indigneront contre l’injustice. Plus ils s’indigneront et plus le monde changera.

Lire c’est gratuit en France. Dans mon enfance, quand je n’avais pas un sou pour manger, j’arrivais à lire. J’écumais les bibliothèques municipales, je trouvais des livres dans les poubelles et quand je n’avais rien je lisais même les journaux qui servaient à emballer la viande. Aujourd’hui il y a des bibliothèques partout, il y a internet partout, des livres gratuits partout. Pour moi qui rêvais de vivre dans une librairie géante je suis émerveillée et très jalouse de tout ce qui est à la portée des jeunes d’aujourd’hui en matière de connaissances.

Pourtant les gens lisent peu, ils préfèrent se plaindre. Personnellement j’ai moins peur du terrorisme que des personnes qui mettent une annonce pour vendre une “sissoteuze”. Car un terroriste mort c’est un terroriste mort mais une population mal éduquée c’est un foyer à terroristes.

La lecture change le monde mais encore trop peu de personnes lisent.

Heureusement il existe tout un tas d’acteurs du livre qui font tout pour tenter de remédier à cet état de fait : modification des habitudes de lecture, prix attrayants, livres de plus en plus interactifs, salons, fêtes, événements, associations….

Les Nouvelles Plumes souhaitent vivement s’y associer. Aussi n’hésitez pas à m’envoyer des messages si vous participez à cette lutte : idées, promos, dates…. nous diffuserons tout ce qui peut donner envie de lire.

En attendant prenez un livre, n’importe lequel au début (quand vous serez bien accro vous serez plus sélectif) et changez le monde une lecture à la fois.

Lisez bon sang !

Lisez bon sang !


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois