- La servante écarlate -

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Eliott le dragon est au courant, il n'a absolument rien à voir avec La servante écarlate. Non, il est juste là pour dédramatiser le bouzin parce que votre humble moi-même est encore toute retournée de sa lecture. Selon des sources sûres, il semblerait que j'ai déjà lu ce roman, il y a fort fort longtemps. Pourtant, je n'en avais absolument aucun souvenir, pas même le début de la queue d'une vague réminiscence... Et comme il est "à la mode" en ce moment, notamment depuis l'arrivée de Trump à la présidence des USA et la diffusion de la série du même nom (en english), je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais de retenter l'aventure. J'y suis allée un peu à reculons, persuadée que s'il m'avait laissé aussi peu de souvenirs, c'était parce qu'il n'était pas bien fameux. Et comme j'aime être bien accompagnée dans mes possibles désarrois, j'ai proposé une petite LC à l'amie .

- La servante écarlate -

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Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, " servante écarlate " parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler... En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

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Boudieu que c'était terrifiant.La servante écarlate est une dystopie terriblement inquiétante. Margaret Atwood nous raconte l'histoire de Defred, une servante écarlate, l'une des rares femmes encore fertiles de ce monde que le nucléaire a abîmé. Le rôle d'une servante écarlate est de se mettre au service des hommes importants, des Commandants, de la nouvelle nation de Gilead. Sous la forme d'un rituel glauque au possible et tout à fait artisanal, elle reçoit régulièrement la semence de monsieur, en espérant ainsi apporter un nouvel enfant au monde.

Bien sûr, ce résumé déjà peu rassurant est encore pire lorsque l'on sait que tout est subit et forcé là-dedans... La république de Gilead a vu le jour après que des fondamentalistes religieux, ayant enchaînés coup d'État après coup d'État, ont pris le pouvoir. Un peu comme si, demain, nous nous retrouvions sous le joug de la manif pour tous, voyez un peu le tableau. Donc, au-delà de l'esclavagisme sexuel de certaines femmes (ce qui est déjà pas mal, hein...), il n'y a plus de droits pour les homosexuels, les remariages sont considérés comme invalides, les femmes doivent être couvertes de haut en bas pour ne pas susciter le désir et je vous en passe des vertes et des moisis...

Par-dessus le marché, comme si tout cela n'était suffisant, on retrouve dans la dystopie de Margaret Atwood une originalité que je n'ai jamais croisée dans une autre oeuvre : Defred, l'héroïne, celle dont nous connaissons les pensées les plus intimes et qui n'a plus de nom que celui qui lui a été donné, a connu "l'Avant" : cette époque bénie où les femmes pouvaient coucher avec qui elles voulaient, avoir des enfants avec qui elles le souhaitaient, être libres, tout simplement. Et c'est absolument déchirant tout en rendant la chose encore plus abominable et réelle. L'identification a été à son plus haut niveau pour moi, je n'ai pas arrêté de me dire que ça pouvait très bien nous arriver, que je pourrais très bien être à la place de Defred, à subir ce qu'elle subit. Alors que, soyons honnêtes, je n'ai jamais pensé ça des aventures de Katniss, pour citer une des dystopies les plus connues et les plus fructueuses.

C'est donc plongé dans les mots de Defred que nous découvrons ce monde dévasté, corrompu et dictatorial. L'écriture de Margaret Atwood est forte, puissante, parfois dénuée de toute compassion, parfois furieusement empathique. Dès les premiers mots, le roman m'a emporté et j'ai craint chaque nouveau rebondissement, redoutant chaque phrase, chaque parole des nouveaux maîtres de l'héroïne. J'ai craint mais j'ai aussi ragé. Ragé devant le traitement que subissent les femmes, les écarlates, celles qui ne sont pas assez bien pour être les "femmes de" mais qui peuvent porter la vie. Ragé devant la montée d'un extrémisme qui n'est pas celui que l'on croit et qui entend mettre la main sur des utérus qui ne les regardent pas. Ragé devant le passéisme de ceux qui observent et qui ne font rien.

Bref, je manque clairement de qualificatifs pour vous enjoindre à vous procurer La servante écarlate de quelques manières que ce soit et à le lire, vite. Parce qu'urgences, il y a, et il y aura toujours.

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Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le. Lisez-le.

J'ai terminé La servante écarlate le 5 juin 2017. J'y pense encore tous les jours. Je me demande même si je ne devrais pas essayer de le lire en version originale, en anglais. Je pense pouvoir avancer sans trop de problèmes : c'est un coup de cœur monumental.

J'ai regardé aussi la série et suis sérieusement en train de me demander si je n'allais pas me la regarder une deuxième fois tout de suite (ce que je ne fais jamais). Je voudrais attendre encore un peu, histoire d'être sûre, mais il ne serait pas trop présomptueux d'avancer que le roman de Margaret Atwood est bien parti pour apparaître dans mon top 10 des romans de ma vie (ils ne sont même pas encore 10 là-dedans).

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