Giant (T1)

Chronique « Giant, tome 1 »

Scénario et dessin de Mikael,

Public conseillé : Adultes /adolescents,

Style : Chronique sociale,
Paru aux éditions Dargaud, le 2 juin 2017, 13.99 euros,
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L’Histoire

Années 30, la grande dépression fait des ravages aux USA. Dans ce climat de pauvreté extrême et de chômage généralisé, la famille Rockfeller se fait construire son building à sa gloire, le “Rockfeller Center” !
Ce matin, sur le chantier, les ouvriers irlandais pleurent un de leur camarades. Ignorant tout du drame, le jeune Dan Shackleton, tout juste débarqué, vient chercher du boulot. Il est engagé illico et fait équipe avec un grand costaud taiseux, surnommé « Giant ». Aussitôt, il apprend sur le tas son nouveau travail : placer les rivets rougis par la chaleur, avant que Giant et un autre gars ne les écrasent à coup de marteaux à percussion. Mais attention, le métier ne laisse pas de temps à la causette et la moindre distraction peut être fatale…
Après le taf, les gars du chantier confient à Giant la lourde tâche de prévenir la veuve de Murphy, restée au pays…

Ce que j’en pense

Cela faisait un bon que j’attendais cette nouvelle série de Mikael, après sa trilogie fantastique « Promise » (scénario de Thierry Lamy). J’avais eu l’avantage d’en découvrir les premières pages à la sortie du tome 3 de “Promise” et avait été très impressionné par le graphisme de l’auteur canadien… Après lecture attentive de ce premier tome, mon impression se confirme !

Mikael quitte les paysages enneigés et les récits fantastiques pour nous raconter (le terme est choisi avec précision) un drame humain, à l’époque de la grande dépression américaine. Dans le petit milieu des irlandais venus travailler sur les chantiers des building new-yorkais, le jeune Dan nous sert de guide. C’est un petit gars un peu « niaiseux » qui découvre ce monde viril et rude. Vivant au jour le jour, ces pauvres bougres d’immigrés flirtent avec la mort. Leur récompense ? Quelques maigres dollars qu’ils envoient, pour la plupart, à leur famille restée au pays. Pour épargner, ces “forçats” dorment dans le « purgatoire », les arrières-cours des immeubles new yorkais, où ils doivent nettoyer les latrines pour s’acquitter du loyer.
Conditions de vie affreuses et sans plaisirs, si ce n’est que quelques rares moments achetés dans les bars et entre les cuisses des femmes, voilà leur lot commun. Dans ce portrait de « misérables », Mikael centre son récit sur un homme différent : Giant, un géant irlandais, force de la nature et taiseux comme pas deux. Qui est il ? D’où vient il ? Nous n’en saurons quasiment rien. Seule certitude, malgré les apparences, le bonhomme se révèle plein d’empathie…

Au dessin, Mikael a trouvé le sujet idéal. Cette époque sale et pauvre, il la croque avec force détails et expressivité ! Cases horizontales et verticales, gueules marquées par la fatigue et le désespoir, se succèdent. Mikael rend magnifiquement l’ambiance marquée, crasseuse et magnifique à la fois de cette jungle urbaine.
Techniquement, il pose de grandes masses en noir et blanc, qu’il complètent par des matières riches et variées. Il joue de toute sa palette graphique (et oui, c’est en numérique !) pour magnifier son dessin. Enfin, La couleur (qu’il assure également) se fait discrète avec de grands aplats aux subtils camaïeux.

Pour résumer, vous voulez voyager ? Vivre par procuration la Vie des pauvres gens qui ont forgé le patrimoine industriel américain ? Voir l’envers du décors et vous rappeler que l’existence humaine est bien fragile ? Aller tour Faire un tour à l’ombre de Giant.

Giant (T1)


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois