- Inséparables -

Par Valentine Pumpkins @valpumpkins

Pourquoi avoir mis ce pauvre livre en cage ? On se le demande. Et on n'a pas de réponses à apporter, il faut savoir accepter les choses, même les plus bizarres, telles qu'elles sont. Si je voulais me mettre à la psychologie de PMU, je dirais que c'est parce que je l'ai tellement aimé que je voudrais le garder pour moi toute seule. Genre maman Poule, voyez. Sauf qu'il faut savoir couper le cordon et laisser les oisillons prendre leur envol. Spoiler : un livre, ça ne vole pas, j'ai essayé. Pourtant, la forme prête à confusion, non ? On ne peut plus avoir confiance en quoi que ce soit en ce bas monde.

Heureusement, s'il y a quelqu'un en qui je peux avoir confiance, livresquement parlant, c'est bien . Cela dit, je n'ai pas le choix, elle m'a presque harcelé pour que je lise ce bouquin, un gros coup de cœur pour elle. Et non, je n'en rajoute (presque) pas pour les besoins de la narration.

Grace et Tippi. Tippi et Grace. Deux sœurs siamoises, deux ados inséparables, entrent au lycée pour la première fois. Comme toujours, elles se soutiennent face à l'intolérance, la peur, la pitié. Et, envers et contre tout, elles vivent ! Mais lorsque Grace tombe amoureuse, son monde vacille. Pourra-t-elle jamais avoir une vie qui n'appartienne qu'à elle ?


Première constatation en rencontrant ce livre, il est superbe. La couverture est splendide, le papier épais, le toucher velouté, Titine est séduite. Il faut ensuite savoir qu'Inséparables est rédigé entièrement en vers libre (il parait que c'est courant chez nos amis anglo-saxons), comme l'a été Songe à la douceur (que je n'ai toujours pas lu d'ailleurs) (mais qu'est-ce que j'attends ?!). N'ayant pas lu de vers libres depuis mes tendres études, je dois vous avouer que le machin m'effrayait un peu et j'avais peur de ne pas réussir à rentrer autant dans l'histoire que s'il avait écrit dans une prose plus classique. Si vous êtes comme moi, si vous appréhendez ce type de narration, je vous rassure tout de suite : ça fait "bizarre" les trois premières lignes, puis ça glisse comme une savonnette dans de l'eau chaude.

Au contraire, ça ajoute même une sacrée plus-value, chaque ligne, chaque phrase, chaque mot même, se déguste, se goûte, se sirote. C'est beau. Mais hélas, votre servante est trop gourmande et n'a pas pu faire durer bien longtemps ce petit loukoum, ça passe beaucoup trop vite (ceci n'est pas une critique négative) et on en aurait voulu encore plus.

Au-delà de la forme, l'histoire. Tippi et Grace débarquent pour la première fois au lycée et vont être soumises au regard des autres. Tippi et Grace sont jumelles, jumelles siamoises, attachées par la taille. Et vous connaissez les ados, il suffit que vous ayez des lunettes ou la mauvaise couleur de manteau pour qu'ils vous les brisent, la méfiance des frangines est donc bien compréhensible. Surtout que pour elles, de problèmes, il n'y a point (ou peu). Elles sont nées comme ça, n'envisagent pas leur vie autrement (comment le pourraient-elles ?) et s'aiment énormément. Du coup, le roman ne tourne absolument pas autour du handicap mais plutôt autour des relations entre les personnes, proches ou moins proches. Les personnages secondaires, ceux qui vivotent autour de Grace et de Tippi sont tous bien construits et particulièrement attachants, la sœur, les parents, les amis, la journaliste, tout colle magnifiquement bien.

Difficile ensuite d'en dire plus sans spoiler et sans gâcher la surprise. Mais, en même temps, en dire trop peu m'effraye parce que j'ai peur de ne pas réussir à vous montrer à quel point j'ai aimé, adoré, chéri ce bouquin pendant toute ma lecture. Inséparables est et restera sans doute l'un de ces coups de cœur auxquels on repense avec émotion pendant longtemps. J'ai terminé ma lecture tard le soir, collé à la lampe de chevet (plus l'habitude, rapport à Kiki la Kindle) et en plissant les yeux, retenant les larmichettes qui me faisaient voir flous (les allergies, tout ça) et, une semaine après, je suis encore pas mal chamboulée.

Donc bon, coup de cœur hein. COUP DE CŒUR. GROS. BEAUCOUP BEAUCOUP. Lisez-le. Il le faut. Vous ne pouvez décemment pas continuer à vivre votre vie tranquillou bilou sans lire ce livre, impossible. Un petit bémol toutefois, qui n'a rien à voir avec le texte en lui-même, c'est la quatrième de couverture qui réduit toute cette magnifique et douloureuse histoire à une simple amourette d'adolescente, ce qui risque de faire fuir ceux qui, justement, en ont marre des amourettes d'adolescentes. Ce roman est une petite merveille qui aborde moult thèmes indispensables, qui nous fait passer par toutes les émotions et qui ne mérite absolument pas d'être rangé dans cette toute petite case. Lisez-le bis (je peux aussi vous le chanter, si vous voulez).