Un polar africain que je ne qualifierais pas « d’exotique » tant je trouve le terme stigmatisant, mais qui garantit un vrai dépaysement. Par son décor d’abord, par sa langue savoureuse ensuite (un français mâtiné d’expressions locales qui ne tombe jamais dans le folklore) et enfin par la description précise des liens qui unissent politiques et investisseurs étrangers dans un pays gangrené par la corruption.
La citation de Jean-Patrick Manchette en début d’ouvrage n’est pas innocente, j’ai retrouvé dans ce texte bien des aspects du néo polar à la française (le seul type de polar que j’apprécie vraiment pour tout dire). C’est lent mais suffisamment rythmé pour susciter l’intérêt du lecteur, très descriptif, sans complaisance et avec une dimension sociale marquée. Une vraie découverte, un roman qui m’a sorti de mon train-train habituel et un flic gabonais que j’aurais plaisir à retrouver dans ses futures enquêtes.
Tu ne perds rien pour attendre de Janis Otsiemi. Sang Neuf (Plon) 2017. 230 pages. 15,00 euros.