Sarah Vaughan / La ferme du bout du monde

Quelques infos sur le livre :

La ferme du bout du monde
Sarah Vaughan / La ferme du bout du monde

  • Auteur : Sarah Vaughan
  • Serie :
  • Genres : Littérature blanche
  • Editeur : Préludes
  • Collection : 
  • Publication: 05/ 04/ 2017
  • Edition: Broché
  • Pages : 448
  • Prix : 16,90€
  • Rating:   Sarah Vaughan / La ferme du bout du monde

Résumé :

Cornouailles, une ferme isolée au sommet d une falaise. Battus par les vents de la lande et les embruns, ses murs abritent depuis trois générations une famille… et ses secrets.1939. Will et Alice trouvent refuge auprès de Maggie, la fille du fermier. Ils vivent une enfance protégée des ravages de la guerre. Jusqu à cet été 1943 qui bouleverse leur destin. Été 2014. La jeune Lucy, trompée par son mari, rejoint la ferme de sa grand-mère Maggie. Mais rien ne l a préparée à ce qu elle y découvrira. Deux étés, séparés par un drame inavouable. Peut-on tout réparer soixante-dix ans plus tard ?
Après le succès de La Meilleure d entre nous, Sarah Vaughan revient avec un roman vibrant.

Destinées prises dans les tourments de la Seconde Guerre mondiale, enfant disparu, paysages envoûtants de la Cornouailles, La Ferme du bout du monde a tout pour séduire les lecteurs de L Île des oubliés, d’ Une vie entre deux océans et de La Mémoire des embruns.
 

Avis de TeaCup :

Je tiens à remercier les éditions Préludes pour l’envoi de ce SP.

Ce roman est doux, mélancolique et on découvre les souvenirs d’une famille par trois générations de femmes. Il y est question de guerre, de conditions de vie dans une ferme à travers les ans, de nature… un roman qui a un côté presque contemplatif selon les moments.

On suit en alternance la vie de Lucy, trompée par son mari et qui vient de subir la perte d’un nourrisson à son travail d’infirmière en néo-nat et celle de Maggie, la grand-mère de Lucy, en 1943. L’alternance des époques se déroule de manière naturelle et on n’est pas perdu dans les histoires, ce qui est un plus sur ce genre de narration alternée.

Je me suis pour ma part plus attachée à Maggie qu’à Lucy, qui finalement ressasse un peu et met un moment à nous proposer une histoire aussi intéressante que celle de Maggie, même si au final on comprend mieux ses interrogations. Je me suis même demandée si une narration uniquement dans le passé n’aurait pas été plus attachante, alors que de moi-même je ne lis jamais de livres sur cette période pour une raison bête : une impression de ras-le-bol, le nombre d’histoires autour de la guerre ne manque vraiment pas, jusqu’à un certain point de saturation. Du moins chez moi. Ceci dit, on comprend que l’intérêt de cette double narration est de maintenir plus longtemps le suspense.

Voir l’évolution d’une ferme et de ses personnages fortement attachés à la terre, aux Cornouailles qu’on peut découvrir par ce récit est intéressant. On voit la Cornouailles, cette rude vie de fermier (même si on s’en doute tous assez bien les reportages à la télé ne manquent pas), on visualise parfaitement aussi cette ferme « dans son jus » qui faute d’argent, s’enlise un peu dans le passé et regrette un temps glorieux loin derrière.

J’ai trouvé ce récit doux amer, nostalgique et intéressant, mais trop lent. Il m’a fallu un bon quart de roman pour me plonger dedans, là encore je suivais plus Maggie dans son parcours, me prenant de sympathie pour elle jusqu’à la retrouver vieille dame, toujours rivée à sa ferme et on en comprend d’autant mieux les raisons. Il y a de beaux passages, plein de vie, de tendresse… des passages rudes qui ne laissent pas indifférents, mais l’histoire met trop de temps à se dévoiler. Quand le nœud de l’histoire est enfin atteint, j’ai regretté de ne pas être totalement émue et embarquer. Il y a plein de choses tristes et fortes qui ne m’ont pourtant pas noué la gorge.

Un joli livre, il plaira aux amateurs d’histoires qui abordent la guerre, l’après-guerre et les secrets familiaux. On y suit des destins de femmes confrontés, pas forcément de femmes fortes, d’ailleurs, des femmes ordinaires qui ont dû composer avec la dureté d’un quotidien parfois sans pitié. Une jolie histoire qui n’est pas exempte de longueurs. La plume de l’auteur est toute faite de nuances et de douceurs, peu de personnages sont vraiment manichéens et on apprécie de comprendre pas à pas leurs fêlures.

Extrait :

La ferme tourne le dos à l’océan et aux vents violents qui en montent par bourrasques : une longue bâtisse de granit tapie sur sa falaise. Depuis plus de trois cents ans elle est là, surveillant les champs d’orge et les troupeaux de vaches Ayrshire, qui paissent lentement, déplacent avec langueur leur masse d’un brun-roux tranchant sur le vert luxuriant.

Elle monte la garde, cette ferme, aussi immuable que les rochers, bien plus que les dunes mouvantes, elle regarde la haie débordant sur la route et prenant au piège les rares automobilistes – car peu s’aventurent jusqu’à ce lieu, qui surplombe, de très haut, la mer. Les détails changent avec les saisons – l’aubépine qui fleurit puis se dépouille, le ciel meurtri par la pluie qui s’illumine ensuite, la récolte rassemblée en meules hirsutes qui seront entreposées dans la grange… La vue, elle, reste la même : un ruban de route, s’éloignant de cette portion isolée de la côte, montant vers la tapisserie de champs pour rejoindre le cœur de la Cornouailles et le reste de la Grande-Bretagne. Et, au-delà, toujours, la lande domine la région, tout en tourbe menaçante, ocre et grise.