Poison – Sarah Pinborough

À l'occasion de la dernière Opération Bragelonne dont je suis très friande, je me suis laissée tenter par la trilogie de Sarah Pinborough des Contes du Royaume : Poison, Charme et Beauté. En compagnie d'Adlyn du blog Livres et Petits Papiers, on s'est laissée aller à la découverte d'une réécriture sexy mais fidèle du conte de Blanche-Neige.

Poison – Sarah Pinborough

La reine Lilith est la toute jeune et seconde épouse du Roi d'un royaume lointain. D'une grande beauté glaçante, la reine nourrit envers la fille de son mari une aversion qui grandit de jour en jour. Blanche-Neige qui n'a que quatre ans de moins que sa belle-mère, est en effet une jeune femme douce, généreuse et dont la beauté légendaire séduit les peuples. Or voilà la reine Lilith a bien compris que pour assoir son autorité et son pouvoir, elle doit mater le caractère indocile et pourtant innocent de Blanche-Neige. Profitant de l'absence du Roi parti en guerre, la reine met à exécution son plan...

Disons le franchement, Sarah Pinborough n'a pas pris de très gros risques avec cette nouvelle réécriture du conte des Grimm. Et pourtant, les petits détails apportés pour étoffer l'histoire permettent de se mettre dans une bien chouette ambiance fantasy. Quelques références aux autres contes et mythes émaillent l'histoire et trouvent leur place avec un certain naturel. Pour ceux qui seraient habitués aux références méta de la série Once Upon A Time, vous ne serez pas surpris par les partis pris.

En ce qui concerne la personnalité des personnages, elle est plus développée (forcément) que dans les contes, notamment celle de la reine Lilith qui incarne là une méchante reine nuancée. Ses actions sont " compréhensibles " et ses failles que l'on entraperçoit auraient même mérité un roman plus épais. J'vous avoue avoir eu un petit faible pour Lilith, jeune femme mariée de force à un homme qu'elle déteste et qui la dégoûte profondément. Encore plus lorsque sa vision lucide sur l'amour des hommes (qui n'est en réalité que du désir sexuel) entre en résonance avec ce que va vivre l'innocente Blanche-Neige (qui elle croit en l'Amour dur comme fer). Oui parce que le prince charmant là, il a juste envie de la pécho très fort la " BN ", soyons clair. D'ailleurs, il est très bizarre. Amoureux transi, mais genre totalement gaga dès le premier regard, il est tellement dégoulinant d'amour et de paillettes (et de désir) que même BN on sent qu'elle est un poil agacée. Ou c'est moi qui interprète.

Notre Blanche-Neige est rendue moins cruche (elle l'est toujours attention, mais un level en dessous) comme pour coller à l'ambiance du roman et j'ai accueilli ces petites modifications à bras ouvert. Dotée d'une indépendance de caractère qui contrebalance avec sa naïveté naturelle, elle monte à cheval comme un homme et fait des concours de boissons. Oui oui Blanche-Neige se murge à la binouze avec ses potos les nains. Mais, attention elle garde quand même une haleine fraîche et fleurie même après avoir englouti un rôti entier et descendu quelques bières. Hé c'est une princesse, pas la radasse du coin non plus. Elle chante et danse aussi. Parce qu'elle est naturellement heureuse notre Blanche, même avec toutes ses petites galères familiales. C'est peut-être les effets de l'alcool aussi...

L'ensemble n'est au final pas hyper foufou. C'est bien écrit, le style est joli et ça se lit agréablement. Même le fait que la narration ne soit jamais axé sur BN mais sur les personnages qui l'entourent est bien trouvé. Mais je m'attendais à ce qu'on aille un peu plus loin. Car si le concept est franchement pas mal, mettant en place des scènes de plumard explicites et une certaine noirceur que l'on a perdue avec les adaptations édulcorées, la suite logique de l'histoire de Blanche-Neige est un peu planplan. La fin tombe un peu en queue de poisson, car malheureusement l'auteure n'a pas réussi à donner un souffle romanesque à son histoire. Voyez, je ne suis pas très fan du dessin-animé de Disney, mais la scène finale avec la reine sorcière et les vautours m'a toujours foutu des frissons.

Poison est une énième réécriture qui malheureusement a du mal (à mon humble avis) à sortir du lot en proposant quelque chose d'original. Dommage que Pinborough ne soit pas partie plus loin dans le délire de l'artiste. Y avait tellement de quoi faire pourtant.

Retrouvez l'avis d'Adlyn ici même !


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