Oui, j’ai lu un polar nigérian, ça me surprend autant que vous. Mais si je me suis lancé, c’est parce que l’éditeur m’a gentiment proposé de rencontrer l’auteur lors du salon du livre et qu’il m’était inconcevable de me présenter devant lui sans avoir lu son ouvrage. Une sorte de lecture sous la contrainte donc (même si tout est relatif !) qui s’est révélée au final une très agréable surprise.
Il faut dire qu’il avait tout pour me plaire le Guy. Un pied nickelé du journalisme, naïf et maladroit, peu au fait des us et coutumes d’un pays au fonctionnement très différent de sa Grande-Bretagne natale. Second point positif, la délicieuse Amaka, déterminée, courageuse et n’ayant pas froid aux yeux. Rajoutez quelques politiciens et policiers véreux, des méchants aussi crétins que violents, une ambiance survoltée digne de Tarantino et une écriture tendue dont l’humour n’est pas absent et vous obtenez un cocktail détonnant à boire cul sec.
Leye Adenle ne se contente pas de proposer un polar pétaradant et sans temps mort. Il dénonce le traitement réservé aux femmes, l’écart monstrueux entre les plus riches et les plus pauvres, le poids de la religion, de l’argent et de la corruption dans la société nigériane. Son roman tient vraiment la route, il est solidement construit et sait vous agripper dès les premières pages. Après, ce n’est clairement pas le meilleur guide touristique pour le Nigéria, m'étonnerait qu'il donne envie aux occidentaux de se rendre dans son pays en en dressant un tel tableau. Mais peu importe, ce Lagos Lady me donnerait presque envie de mettre plus souvent le nez dans un polar, c'est dire s'il est efficace !
Lagos Lady de Leye Adenle (traduit de l’anglais par David Fauquemberg). Metailié, 2016. 332 pages. 20,00 euros.