Pour le grand public Hunter S. Thompson est l’icône du journalisme gonzo, « une espèce de lascar furieux au cerveau fumeux, profondément déprimé et autodestructeur ». Vénéré par Johnny Depp, adulé par de nombreux fans, l’homme fascine davantage pour son aura sulfureuse que pour la qualité de ses écrits, souvent torchés à la vite pour subvenir à ses besoins, notamment d’alcool et de drogues dures. Thompson a pourtant commis d’excellentes choses, je garde par exemple un excellent souvenir de son roman « Rhum Express » et du célèbre « Las Vegas Parano ».
Tout va très vite dans cet album, on a parfois l’impression de survoler les événements mais c’est finalement plutôt raccord avec la vie du bonhomme. Le récit est en grande partie centré sur les années 70, c’est à la fois la trajectoire d’un homme à l’existence chaotique et une description grinçante de l’Amérique de Nixon pendant la guerre du Vietnam. Le dessin manque de caractère, il est passe-partout, sans relief, mais reste fluide et efficace.
Un portrait qui ne sombre pas dans l’hagiographie et permet de découvrir les faits « marquants » de la carrière de Thompson sans forcément rentrer dans les détails. Idéal pour les néophytes, cette première approche rondement menée est complétée par l’excellente préface sans langue de bois d’Alan Rinzler, qui a été son éditeur pendant trente-cinq ans.
Gonzo : une autobiographie graphique de Hunter S. Thompson de Will Bingley et Anthony Hope-Smith. Nada, 2017. 190 pages. 18,00 euros.