Kingpin #2

Le premier numéro de nous avait laissé perplexe. C'était plutôt laid, pas vraiment innovant mais Matthew Rosenberg et Ben Torres connaissent le personnage et ont su jouer de ses atouts : ambivalence, soupçon de violence. Est-ce que la suite va nous aider à prendre une décision quant à la qualité du titre ? La réponse est : urg.

Une nouvelle superbe cover pour, encore une fois, se retrouver nez à nez avec le trait carré et Kingpin #2douteux de Torres et les couleurs déprimantes qui lui sont associées, dès le départ c'est pas facile à gérer. Alors oui, je sais, il est le dessinateur du titre alors ça devait arriver mais le choc reste rude et, bien malgré moi, j'avais presque oublié à quel point ça piquait. Fort heureusement, la première case nous met direct dans l'ambiance et, une fois n'est pas coutume, il faut que je vous l'insère ici afin que vous puissiez juger de la violence du coup. Oui, je sais, c'est dur. Et ce n'est que la première case. Ce second numéro nous permet-il de décider si ça vaut la peine de continuer à lire Kingpin ? Oui. Sur le plan esthétique, la réponse est bien évidemment non, c'est vraiment trop moche, sans âme et déprimant. Cela dit, ça n'était déjà pas le point fort du premier numéro et pourtant nous sommes là, à potasser le second. Continuons.

Côté scénario la chose avance tranquillement puisque notre journaliste va prendre une décision, impressionnée et touchée par les élans charitables de Fisk. Il faut dire qu'il mets le paquet et qu'elle est vraiment dans la merde. D'un côté donc dîners de bienfaisance hyper classieux et hôpitaux aux petits enfants malades, de l'autre un ex-mari vraiment connard qui empêche l'héroïne de voir ses enfants juste parce qu'elle n'a pas répondu à son appel. Le misérabilisme associé au personnage est, je le crains très irritant. Si au premier numéro il était intéressant de voir des problèmes d'ordinaire associés à un cliché masculin appliqués à une femme, ces traits sont ce qu'ils sont : des clichés surexploités qui fatiguent le lecteur mais certainement pas l'auteur. Problèmes d'alcool ? Check. Carrière sur le déclin ? Check. Appart miteux ? Check. Hygiène douteuse ? Check. Au prochain numéro, elle se laisse pousser la barbe. C'est d'autant plus agaçant que ce sont des clichés qui ont déjà été exploités pour des personnages de journalistes-narrateurs pas plus loin que chez Daredevil. On ne lit que du réchauffé.

A nouveau, c'est Fisk qui sauve un peu les meubles, malgré le dessin qui ne le met pas vraiment en valeur, malgré un scénario facile et déjà vu. Lui reste impressionnant, puissant, imposant. Il semble par contre vouloir faire amende honorable. Genre, pour de vrai. Et ça franchement ça m'inquiète. Je suis 100% pour un Kingpin qui donne son argent sale aux pauvres mais encore faut-il continuer à amasser de l'argent salement. Si l'équipe a l'impression d'inventer quelque chose avec ce Kingpin bon samaritain (avec quelques tendances violentes, certes) elle se plante totalement.

Pour la science : deux nouveaux personnages féminins (je ne compte pas les ombres en arrière plan), soit donc 3 ! TROIS !!!!! personnages féminins dans ce second numéro. L'héroïne, une mère et une standardiste. Non, elles n'ont pas de nom, non, on ne les reverra plus. Même les enfants de l'hôpital sont des garçons. C'est presque hilarant de voir à quel point ce bouquin passe à côté de la moitié du genre humain. Il y a 12 hommes qui s'expriment. Contre 3 femmes. Cette fois, ça y est, je suis énervée.

Kingpin #2Kingpin #2

Marvel Comics * Par Matthew Rosenberg & Ben Torres * $3.99
La prochaine couverture est annoncée et elle est superbe. C'est donc fini pour moi, j'arrête les frais avec cette série qui ne m'apporte plus que des déceptions, vaguement napées de Kingpineries qui ne suffisent pas à me rassasier. Et ce n'est pas l'apparition "surprise", débile et classique de Daredevil qui va y changer quoique ce soit : cette série n'apporte rien, ne change rien, ne promet rien et, au final, ne fait que brasser du vide. Vous pensiez que je doutais encore ? Je ne doute plus.


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