Ernest Hemingway : Paris est une fête

ernest hemingway, gertrude stein, sylvia beach, Ernest Miller Hemingway (1899-1961) est un écrivain, journaliste et correspondant de guerre américain. Le dossier médical d’Ernest Hemingway, rendu accessible en 1991, montra qu'il souffrait d'hémochromatose (diagnostiquée en 1961), une maladie génétique qui provoque de sévères dommages physiques et mentaux. Cette maladie pourrait expliquer son propre suicide et ceux, nombreux, dans la famille Hemingway (son père, son frère, sa sœur et sa petite-fille Margaux Hemingway). Il a écrit la plupart de ses œuvres entre le milieu des années 1920 et le milieu des années 1950, et sa carrière a culminé en 1954 lorsqu'il a remporté le prix Nobel de littérature. L’écrivain a publié sept romans, six recueils de nouvelles et deux œuvres non romanesques de son vivant. Trois romans, quatre recueils de nouvelles et trois œuvres non romanesques ont été publiés à titre posthume. Plusieurs de ses œuvres sont considérées comme des classiques de la littérature américaine.

Paris est une fête, écrit entre 1957 et 1960, a été publié de manière posthume en 1964 aux Etats-Unis. En 2011, une édition revue et augmentée de huit textes courts est parue. C’est de celle-ci dont il est question ici. Après les attentats meurtriers de la fin 2015 à Paris, par un curieux effet collatéral, le bouquin a connu un succès phénoménal le propulsant dans les meilleures ventes mais j’ai préféré attendre que cet engouement se tarisse avant de m’y intéresser. 

Récit autobiographique, Paris est une fête, replonge Hemingway dans le Paris des années 20, plus précisément 1921-1926, époque où il n’était encore qu’un jeune écrivain en devenir, sans le sou, journaliste pour gagner sa maigre pitance. Cinq années où il file le parfait amour avec la première de ses quatre épouses, Hadley Richardson et leur jeune fils « Bumby ». Le couple n’est pas bien riche mais le texte est loin d’être pleurnichard, au contraire même, il respire la joie de vivre dans une ville offrant mille possibilités de petits bonheurs, boire des verres de vin dans ses cafés et bistrots, bien manger pour pas cher dans les brasseries - « Nous étalions du pâté sur le bon pain du bistrot et buvions le vin blanc » - ou encore écrire sur une table de troquet : du Quartier Latin à Montparnasse, du Café de Flore au Dôme, nous suivons Hemingway pas à pas dans la ville lumière.

Occasion aussi d’y rencontrer Gertrude Stein qui gère à la baguette, la destinée artistique du petit monde des bohèmes américains de Paris, Sylvia Beach ou bien Ezra Pound, pour ne citer que les plus connus. Sans oublier ces incroyables chapitres sur Francis Scott Fitzgerald, avec lequel il se retrouve embringué dans un rocambolesque voyage vers Lyon dans une voiture sans toit ! Outre les détails un peu people, comme on dit aujourd’hui, mais qui éclairent le monde artistique de cette époque, Hemingway s’épanche sur le travail de l’écrivain et la manière dont lui fonctionne, livrant ses petits « secrets » de son alors courte expérience, révélant qu’il ne se sent pas encore prêt à écrire un roman, « …je savais aussi que je devais écrire un roman. Je ne m’y mettrais que plus tard, cependant, au moment où je ne pourrais plus reculer. »

Mais ce texte est aussi pour l’écrivain, un moyen peut-être, de se libérer définitivement d’une décision difficile alors : après avoir mis par écrit les années de bonheur passées à Paris avec Hadley, son récit s’achève sur ce qui s’annonce comme leur rupture.

Sur mon édition, empruntée à la bibliothèque, un lecteur antérieur a inscrit « Inégal, dommage ! » Certes, mais comment pourrait-il en être autrement d’un texte posthume, donc non finalisé par l’auteur, auquel ont été rajoutés en fin de livre, des fragments et des vignettes disparates ? Il n’empêche, le bouquin est très agréable à lire, très frais, comme un verre de vin blanc bu en terrasse lors d’une soirée de printemps…


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