Chronique « Ma guerre – de la Rochelle à Dachau
Scénario de Tiburce Oger & Gauthier-Guy Pierre, dessin de Tiburce Oger,
Public conseillé : Adultes/Adolescents (à partir de 15 ans),
Style : Guerre/ Historique / Drame,
Paru aux éditions « Rue de Sèvres », le 22 février 2017, 17 euros,
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L’Histoire
A la Roche-sur-Yon, en Vendée, nous sommes le 8 mai 2015. C’est bientôt la fin des discours officiels. Ils vont rendre hommage à ceux qui ont donné leur sang et leur vie pendant la seconde guerre mondiale. Guy-Pierre Gautier, tête-nue, va recevoir «La distinction des Chevaliers de la Légion d’Honneur».
En 1943, Guy-Pierre est engagé dans la brigade des francs-tireurs de La Rochelle. Avec eux, il se bat pour une certaine liberté. Ils distribuent des tracts, mettent le feu à des dépôts et font dérailler des trains. Ils prennent de plus en plus de risques et vivent dans la peur de se faire repérer. Ils ont déjà perdu plusieurs de leurs compagnons…
En octobre 43, Guy-Pierre est finalement capturé par la Gestapo. Il est enfermé dans la prison de Niort. Après une mutinerie en février 44 à la prison centrale d’Eysses, en Lot et Garonne, il sera déporté en Allemagne. Commence alors pour lui l’enfer. Il se retrouve à Allarch, une annexe de Dachau.
Employé dans les usines de BMW qui oeuvrent en faveur la guerre, il sera confronté à la faim, au froid, à la maladie (typhus), à la violence… Guy-Pierre sera aux premières loges, témoin de tous ces hommes, femmes et enfants, envoyés dans les chambres à gaz…
Une année et demi d’enfer !
Ce que j’en pense
Dans la lignée de «Maus» de Spiegelman ou de «Deuxième génération, ce que je n’ai pas dit à mon père» de Michel Kichka (aux éditions Dargaud), Tiburce Oger nous raconte les souvenirs de son grand-père.
Grande fan et lectrice de bandes dessinées historiques, tout m’a séduite dans cette histoire. J’ai lu un nombre incalculable de romans, d’ouvrages historiques ou de BD sur la seconde Guerre mondiale. A chaque fois, je suis affligée par tout ce qui a pu s’y produire. Si certaines choses se ressemblent, il y a toujours le vécu de chaque individu qui fait qu’encore que je découvre des choses qui me dépassent.
Ce qui m’a surtout accrochée dans cette histoire (en dehors du récit lui même), c’est le dessin de Oger. Si je ne suis pas une fan inconditionnelle de ses titres d’héroic Fantasy ou Western, mise à part son “Buffalo Runner” aux éditions Rue de Sèvre. J’avais déjà été séduite par son autre BD historique chez le même éditeur : «Black Sands : unité 731».
Il se dégage une telle force dans son trait. Des couleurs plutôt pastels, relevés par des lignes de contours très noires. Tout ça rehaussé par un décors à l’aquarelle dans les roses, gris, bleu clair et bleu foncé… Quand je la parcours, je ressens cette douleur qui émane de tous ces visages, face à ces horreurs…
J’ai senti dans cette histoire tout l’amour de ce petit fils à son grand-père. Après de longues années, il a su retranscrire ce que celui-ci a été chercher très loin au fond de lui… Ce grand-père qui en si peu d’année à du vivre en émotions ce que beaucoup de personnes ne vivront jamais pendant toute leur vie…
Je penserai encore longtemps à ce témoignage si magnifiquement illustré…

