Chronique « Kantanga, tome 1 – Diamants
Scénario de Fabien Nury, dessin de Sylvain Vallée, couleurs de Jean-Batiste,
Public conseillé : Adultes/Grands adolescents,
Style : Guerre,
Paru aux éditions Dargaud, le 3 mars 2017, 16.95 euros,
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L’Histoire
Juin 1960, le Congo belge accède à l’indépendance. Dans la foulée, la riche province du Katanga choisit l’autonomie. Godefroid Munongo, ministre de l’intérieur du Katanga indépendant, reçoit Armand Orsini, conseiller militaire. Il lui raconte l’histoire de Msiri, chef militaire sauvage et sanguinaire qui ‘inventa” les mercenaires… D’ailleurs, avec son harem de 1200 épouses, il est l’un de ses nombreux petits-fils. Munongo demande à Orsini d’engager des mercenaires, sous le patronage de Bernard Forthys, Directeur Général de la société belge de l’Union Minière du Haut-Katanga, qui paiera.
Août 1960, dans un climat de panique générale, l’administrateur d’une compagnie d’extraction de diamants fait ouvrir le coffre de la compagnie. Il récupère une pleine mallette d’énormes diamants et embarque femme et enfants dans la jeep, conduite par leur fidèle boy “Charlie”. Rapidement, la fuite tourne au cauchemar. Le militaire censé les protéger est tué, la voiture finit dans la ravin… Laissant ses patrons aux mains d’une bande de fous furieux, Charlie tue son ancien “maître”, lui coupe le bras et part avec la caissette de diamants…
Ce que j’en pense
Comme précisé sur la couverture de “Katanga”, revoici le duo gagnant de “Il était une fois en France” ! Fabien Nury (au scénar’) et Sylvain Vallée (au dessin) embarquent pour une mini série “de guerre” entre histoire et fiction, en pleine Afrique post-coloniale.
Fidèle au principe que “l’Histoire est plus forte que tout ce qu’on peut inventer”, Fabien Nury pose son regard sur le Katanga. En 1960, ce jeune pays vient de naître des ex-colonies du Congo Belge. Dans cet immense territoire, cette région bénie par les dieux (des mines de diamants y sont exploités) déclare son indépendance. Faut pas déconner et partager toutes ses richesses quand même !
Sur à ce terreau agité, se retrouvent ex-colonisateurs, (qui ont des billes à glaner), ex-colonisés (qui trouvent une terre d’opportunité), une milice de fous furieux défoncés au chanvre et l’Onu qui tente de garder un minimum de contrôle dans les camps de “réfugiés”… Un beau bordel plus vrai que vrai, que Nury exploite avec bonheur.
Pour notre plaisir, il y construit une histoire d’hommes, de purs, de vrais, les nouveaux et anciens maîtres des lieux qui construisent à coups d’armes leur pouvoirs. Comme vous pouvez le supposer, c’est une aventure bien virile de mercenaires, dans le genre “Les 13 salopards”. Tout commence par le recrutement des “petits anges”, confiés à Armand Orsini. Faisant jouer se srelations, Fabien Nury nous offre une belle galerie de portraits pas piqués des hannetons. Cantor, Ropagnol, Latinis, ou Tony Saint-Paul, la crème de la crème des anciens d’Afrique du Nord, et même un ex-nazillon se rassemblent le temps d’une “pacification” en règle…
Il ne reste plus qu’à agiter le bocal avec une histoire de diamants, une très belle femme noire, qui couche et espionne sur commande, et en route ma poule ! Actions “coup de poing”, dialogues efficaces, enchaînements bien huilés et danger de mort permanent, je ne me suis pas ennuyé, moi !
Au dessin, Sylvain Vallée fait le job ! J’ai retrouvé tout le plaisir que j’avais ressenti dans “Il était une fois en France”. La mise-en place classique est d’une efficacité diabolique. Il pousse un dessin semi-réaliste un peu plus caricatural que dans sa série précédente, et cela sert le propos “extrémiste”. Visiblement, il dessine avec un plaisir évident les visages des blacks, en version caricaturale, mais personne n’est épargné.
Flash-back, arrêts sur image (à la façon des films de genre), long récitatifs, les partis-pris de scénarios mis-en-place par son compère trouvent naturellement une version graphique, de la façon la plus évidente.
Très centrés sur les hommes, les gueules, le langage corporel, Sylvain utilise beaucoup les cases panoramiques, qui ne sont pas sans rappeler le format cinéma.
Pour résumer, si j’étais à votre place, je n’attendrais pas patiemment le tome 2, qui paraitra à la fin de l’année…

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