Moi, Ernest… de Laurent Souillé et Paul Mager (2016)

Une fois n'est pas coutume, j'avais envie aujourd'hui de vous parler d'un récit à destination d'un lectorat plus jeune que ce dont nous avons l'habitude ici (on parle plus souvent de littérature adolescente ou YA, sur Allez vous faire lire ). Entre l'album et le roman graphique, Moi, Ernest... est un objet d'une belle sensibilité, grâce au subtil équilibre texte-image qui le compose...

Moi, Ernest… de Laurent Souillé et Paul Mager (2016)

Depuis sa naissance, Ernest est muet. Heureusement, son imagination débordante lui permet de s'exprimer autrement que par le langage parlé : entouré de Chat, son animal de compagnie borgne, et de sa vieille machine à écrire, ses mots glissent sur le papier... Et s'il parvenait à se faire éditer ?

Ernest est différent : ses mots d'adulte sont doux, simples, comme ceux d'un enfant (" Môman ", " Eh ben "...), et souvent poétiques :

" Quand j'écris une histoire d'amour, j'effleure les touches, je les caresse. Je me demande même comment le papier arrive à attraper les lettres. "

Alors fermé sur lui-même, en décalage avec la réalité sans que ça ne lui pose aucun soucis, Ernest va pourtant s'ouvrir au monde grâce à un reportage à la télé dans lequel il apprend ce qu'est un éditeur (" C'est quelqu'un qui fait le plus beau métier du monde : il fabrique des livres. " C'est Ernest qui le dit, pas moi !).

À force de travail et de persévérance, Ernest sort de sa bulle et s'ouvre au monde en même temps que le monde le découvre. Pourtant, il reste égal à lui-même pendant tout le récit, et c'est sûrement là la force de Moi, Ernest... : montrer que l'on peut être différent, heureux malgré les épreuves, et parvenir à trouver sa place parmi les autres tout en restant soi-même.

Les illustrations, tendres et poignantes, donnent vie à Ernest et à son univers dans lequel le lecteur n'a aucun mal à s'immerger. Les dessins pleine page, les grands yeux hyper expressifs d'Ernest et la myriade de petits détails souvent très drôles y sont pour beaucoup.

Belles et riches, les illustrations accompagnent parfaitement le texte et complètent les mots avec douceur.

Et malgré les sujets parfois difficiles (brutaux même : la maladie, l'isolement, la réalisation des rêves ou la gestion de la créativité), le ton - à la fois dans le texte que dans les images - est optimiste et plein d'espoir.

Pour conclure simplement : une petite histoire qui fait du bien.

Bonne lecture,

Moi, Ernest… de Laurent Souillé et Paul Mager (2016)

Moi, Ernest..., de Laurent Souillé et Paul Mager, aux éditions Des ronds dans l'O, 2016

Note : À partir de 8 ans pour une lecture tout seul, mais c'est le type de récit qui se prête extrêmement bien à la lecture à voix haute pour accompagner les plus jeunes.

PS : je vous invite également à parcourir le catalogue de la maison d'édition, Des ronds dans l'O, qui, jeunesse ou non, a des choix aussi engageants qu'engagés !


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