- La fille d'avant -

- La fille d'avant -
La fille d'avantdeJ.P. DelaneyÉditions Mazarine
En ce moment, les thrillers et moi, on n'est pas très copain. Alors quand j'ai vu passer ce titre sur NetGalley, puis la chronique sautillante de ma copine Mimine, je me suis dit que ce coup-ci, ça allait le faire. 
Merci donc à NetGalley et aussi aux éditions Mazarine de m'avoir permis de lire La Fille d'avant en avant-première. Pour ceux qui sont passés à côté, pas de panique ! Il sort le 8 mars, autant dire demain (ou presque).
Le résumé angoissant
- La fille d'avant -
Après un drame éprouvant, Jane cherche à tourner la page. Lorsqu'elle découvre le One Folgate Street, elle est conquise par cette maison ultra moderne, chef-d'oeuvre de l'architecture minimaliste, parfaite. Mais pour y vivre, il faut se plier aux règles draconiennes imposées par son architecte, Edward Monkford, aussi mystérieux que séduisant. Parmi celles-ci : répondre régulièrement à des questionnaires déconcertants et intrusifs. Peu à peu, Jane acquiert une inquiétante certitude : la maison est pensée pour transformer celui qui y vit. Or elle apprend bientôt qu'Emma, la locataire qui l'a précédée et qui lui ressemble étrangement, y a trouvé une fin tragique.Alors qu'elle tente de démêler le vrai du faux, Jane s'engage sur la même pente, fait les mêmes choix, croise les mêmes personnes... et vit dans la même terreur que la fille d'avant.
L'avis angoissé
En ce moment, il y a une mode dans le thriller, et même dans la littérature tout entière, c'est la narration à plusieurs voix. Chapitre après chapitre, un personnage va donner sa version de l'histoire, ce qui permet au petit lecteur que nous sommes de découvrir petit à petit tous les tenants et les aboutissements du récit sans que l'auteur ne fasse appel au fameux narrateur omniscient, celui qui sait tout mais qui ne dit pas tout tout de suite, le vilain. Parfois, le procédé ne semble pas pertinent mais souvent, comme c'est le cas ici, ça marche du tonnerre !
Chapitre après chapitre, en alternance donc, vous allez tour à tour lire l'histoire d'Emma puis celle de Jane, l'une se situant dans le passé de la maison, l'autre, dans son présent (la maison étant véritablement le cœur, le centre du récit). Les deux femmes, à la fois semblables et très différentes, vont aller nous raconter pourquoi elles se sont retrouvées dans cet endroit complètement fou qu'est le One Folgate Street et comment ce déménagement a chamboulé toute leur vie. Et a même entraîné la mort de l'une d'entre elle, Emma, la fille d'avant, sur qui va enquêter Jane. Les deux demoiselles vont se faire écho, page après page, avec les mêmes événements qui leur tombent, un par un, sur le nez. De quoi vous coller les poils au garde à vous. Mais aussi, parfois, créer un sentiment, heureusement assez ténu, de répétition.
Ces héroïnes sont toutes deux très particulières et vont faire naître chez vous toutes sortes de sentiments, agacement, peine, empathie, etc mais le personnage qui règne en maître sur La fille d'avant, c'est la maison, ce cube froid, vide et épuré qui nécessite tant d'adaptation de la part de ses locataires. Et c'est principalement elle qui est responsable de l'angoisse qui vous étreindre à la lecture de ce roman. Surtout pour une bordélique telle que votre servante. Bon sang, vivre dans un endroit où une pile de livres n'a pas sa place, c'est de toute façon fichu d'avance. Comme un jumeau maléfique, l'architecte, le créateur de cette ode au minimalisme, Edward Monkford, est aussi froid que les quatre murs qu'il a bâtis.
Dans le genre glauque, le monsieur se pose comme une sacrée référence. Et il n'est pas sans rappeler le fameux Christian Grey de 50 nuances de fessées. Aussi calculateur, dominant et glacial que son comparse érotique, le bonhomme m'a autant fait flipper que la maison vide. Bref, autant de raison pour ne pas signer n'importe quel bail, les filles. Sauf si vous ne voulez ne pas pouvoir prendre une douche avant qu'avoir répondu à un énième questionnaire.

- La fille d'avant -

4/5


En Bref
Un thriller qui tient la route, mais principalement grâce à l'ambiance créée par l'auteur. L'histoire en elle-même ne m'a pas surpris tant que ça, la révélation étant trop attendue. MAIS il serait vraiment dommage de passer à côté de cette atmosphère étouffante et sordide. Préparez-vous à parler seul, à maugréer contre ces personnages qui ne voient rien venir, qui ne veulent rien voir venir. Et regardez autour de vous, franchement, votre bordel et votre poussière, ce n'est pas si mal que ça. Un presque coup de cœur donc et une petite réconciliation avec les thrillers pour Titine.

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois