L’amour est une haine comme les autres

Chronique « L’amour est une haine comme les autres »

Scénario de Stéphane Louis, dessin de Lionel Marty,

Public conseillé : adultes / adolescents (à partir de 12 ans),

Style : Aventure humaine,
Paru aux éditions « Grand Angle », le 1er février 2017, 16.90 euros,
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L’Histoire

Abélard, un jeune noir et Will, un jeune blanc de bonne famille n’auraient jamais du se rencontrer. Pourtant, fin des années 20, leurs chemins se croisent dans la campagne profonde de Louisiane.
Will est un peu limité et se rend bien compte que cela va être difficile de reprendre l’affaire familiale dans ces conditions. Abélard, plutôt intelligent, a la chance d’avoir appris à lire et à écrire.
Dans cet état raciste, chacun à sa façon va soutenir l’autre dans sa quête à devenir un homme. Un jeu de cache cache jusqu’à l’âge adulte, pour cacher leur amitié…
En 1948, Will est à la tête de l’entreprise familiale, mais toujours sous la houlette de son père violent, partisan du Ku Klux Klan. Abélard dit «Aboubou» par les autres ouvriers, travaille pour Will et l’aide à gérer l’usine.
Cette amitié va prendre un coup quand Will rencontre enfin une femme qui semble l’aimer pour ce qu’il est, sans le prendre pour l’idiot de la ville….
Un blanc et un noir peuvent-ils vraiment rester amis, quand ils doivent continuellement cacher leur amitié à la famille et au monde entier ? Qu’est-ce qui sera le plus fort ! L’amour, la famille ou l’amitié ? Qui aurait le courage de parier !

Ce que j’en pense

Quelle histoire fabuleuse ! Je l’ai trouvée dure, belle et encore tellement d’actualité. Dire qu’il n’y a même pas un siècle qui sépare le moment de l’aventure et notre époque. Pourtant, dans certains états Américains, cela n’a pas beaucoup évolué.
Cette amitié est belle par son innocence. Je les trouve beaux, ces deux enfants, qui s’engagent au-delà de ce que pensent leurs parents et les gens de leur village.
La partie que j’ai préféré, c’est quand Will, adulte, emploie Abélard dans son usine. Il le traite mal, lui parle mal, pour que les autres employés ne se doutent de rien. Mais dans le bureau de ce chef qui a l’air si méchant, leur amitié reprend le dessus…
Chacun du duo subit les représailles de leurs mères, quand elle découvrent que les deux enfants jouent ensemble. La première ne peut imaginer que son fils adoré soit avec le fils de celui qui chasse tous les dimanches « Le Noir » pour s’amuser. Et l’autre voit en se fils, déjà différent, un traître à leurs idéaux !

Stéphane Louis est un scénariste touche à tout. Que se soit dans la S.F., le polar ou la vie quotidienne, rien de l’arrête. Cette incursion dans une partie sombre de notre histoire est vraiment bien écrite. Il y a mis toute la noirceur (c’est le cas de le dire) pour exprimer ce que le peuple afro-américain à subit et subit encore. Mais il a su composer une fin, que j’aimerai lire plus souvent dans des histoires qui retracent les méfaits du «Ku Klux Klan».

Le dessin de Lionel Marty est toujours aussi fort. Il a l’art d’adapter son trait à chaque ambiance que j’ai traversé dans cette bande dessinée. Les parties sombres… sont très sombres, avec une ligne vive et acérée. Les moments plus sereins bénéficient d’un trait lumineux et doux. Un mariage entre deux artistes réussi !<.BR>

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