Niroz Malek n’a pas voulu quitter sa ville. Il arpente ses rues, passe les barrages, vit avec les coupures d’électricité, le bruit des déflagrations, les murs qui tremblent après une explosion. Il vit la peur au ventre, croise des fantômes, attend le retour de sa femme emprisonnée, retrouve des connaissances au café et traverse la cité malgré les dangers.
Le promeneur d’Alep, c’est un peu Delerm sous les bombes. Une écriture minuscule, une succession de tableaux pour dire les petits riens d’une existence sous la mitraille. Ce sont les mots d’un homme traumatisé par les atrocités mais qui refuse de les décrire de façon brutale et réaliste. Son témoignage est avant tout poétique, aussi sensible que bouleversant, sans jamais tomber dans le pathos ou le larmoyant. Il décrit des ambiances, un cheminement de l’esprit perturbé par un environnement des plus anxiogènes. Et pourtant cette description du quotidien garde en permanence une petite note lumineuse, une sorte de minimalisme solaire qui traverse chaque texte et transcende l’horreur pour extirper la beauté des décombres. Comme pour apaiser les plaies béantes de la guerre avec la force de l’écriture.
Le promeneur d’Alep de Niroz Malek (Traduit de l’arabe par Fawaz Hussein). Le Serpent à plumes, 2015. 155 pages. 16,00 euros.
Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec ma chère Moka.