Tout ce que j’aime chez Choplin est ici présent. La résistance, l’art, le portrait d’un homme de l’ombre, le portait d’un homme de peu, fragile comme la flamme vacillante d’une bougie au cœur de la noirceur du drame. L’écriture est toujours aussi dépouillée, le rythme lent et contemplatif, les silences omniprésents. Et toujours également ce respect absolu de l’écrivain pour ses personnages, cette tendresse et cette affection sincères qu’il leur porte en permanence, sans les ménager pour autant.
Tomas Kusar, tout en dignité, en justesse et en sobriété, entre en lutte à sa façon contre l’arbitraire. De son côté Vaclav Havel n’est pas un idéologue « prosélyte ». Il accompagne Tomas, l’initie à l’art, à la culture, participe à l’éveil de sa conscience politique et de son esprit critique. L’intellectuel engagé ne prend jamais le cheminot de haut, la condescendance n’ayant pas sa place dans leur relation. Un récit d’amitié et de fraternité simple et humble, comme une main tendue vers un engagement qui dépasse les clivages sociaux. C’est juste et touchant, il n’y a pas un mot de trop. C’est du Choplin pur jus.
Quelques jours dans la vie Tomas Kusar d’Antoine Choplin. La fosse aux ours, 2017. 218 pages. 18,00 euros.