Harry Potter à l’école des sorciers – J.K. Rowling

Harry Potter à l’école des sorciers – J.K. Rowling

Lors du dernier Week End à 1000, j'avais profité de mon temps libre pour relire le premier tome des aventures de notre binoclard adoré, sans doute le tome que je connais le moins, ne me rappelant carrément pas de certains passages. Cette relecture des plus enrichissantes m'a donné envie de me replonger entièrement dans la saga.

Et parce que je ne peux y échapper, je me suis fendue d 'un petit résumé, au cas où si quelqu'un ne connaîtrait pas l'histoire. On est jamais trop prévoyant.

Alors c'est l'histoire d'un petit garçon, appelons-le Harry, qui a perdu ses parents quand il était bébé. Recueilli par son oncle et sa tante, les Dursley, qui le déteste, le petit garçon grandit sans amour ni tendresse dans l'indifférence la plus totale, maltraité jour après jour par les membres de son horrible famille. Alors que son entrée au collège municipale approche, comme sa libération du joug de son tyrannique et boursoufflé cousin qui lui a été accepté dans un établissement huppé, une mystérieuse lettre, lui étant destinée, arrive un matin. Or, personne n'écrit jamais à Harry, n'ayant aucun ami ni autre famille que les Dursley. Cette lettre va changer sa vie à jamais... (et c'est pas peu dire).

Un roman jeunesse...

Fondamentalement jeunesse, ce premier tome est le roman d'introduction d'un univers riche qui pendant plus de 10 ans a fait rêver des millions de personnes. Dont votre adorable et poilue servante (si vous ne le savez pas encore, c'est que vous êtes vraiment bouchés à l'émeri. Ou miro). Faisant office d'immense scène d'exposition, présentant presque tous les personnages mythiques de la saga, Harry Potter à l'école des sorciers pose, sans que parfois l'on s'en aperçoive tout à fait mais j'y reviendrai, les bases de l'épopée qui nous sera racontée pendant 7 tomes.

La première chose qui peut frapper est la brièveté finalement du récit. Roman court et concis, le premier gros tiers est entièrement consacré à Harry chez les Dursley et la fuite de la famille pour échapper aux lettres intrusives de Poudlard. Cette partie, je vous l'avoue, m'a un peu ennuyée dans la hâte que j'avais d'arriver enfin à Poudlard et de rencontrer les personnages cultes. Déjà connaissant l'histoire, le secret que les Dursley semble vouloir cacher à Harry n'est plus une surprise depuis bien longtemps. Mais si je dois être objective, ce premier tiers rend compte avec brio de la volonté de Rowling d'instiller dans son histoire les codes du roman fantastique traditionnel (le mystère et l'étrange apparaissant de manière inattendue dans l'ordinaire). En ce qui concerne l'année scolaire à Poudlard, elle est assez anecdotique par ailleurs. Rowling nous avait habitués avec les tomes suivants à lire le quotidien de nos héros dans les couloirs de l'école et ça fait bizarre de survoler l'année qui s'écoule, bien que le côté " enquête policière " (autre genre adoré de Rowling) soit, elle, toujours bien présente. Et puis forcément, la magie opère dès que Poudlard nous ouvre ses portes. Les personnages tant aimés, et détestés, font chacun à leur tour, leur apparition. Dumbledore, McGonagall, Rubeus Hagrid, les Weasley quasi au complet, Ron, Hermione, Neville, Malefoy et bien naturellement Severus Rogue. Le plaisir de les (re)voir tous est indescriptible. Comme si on revoyait des vieilles connaissances qui auraient fait partie de tout un pan de notre vie et que l'on aurait perdu de vu sans jamais les oublier.

... conventionnel ?

Mais ce que j'aime autant chez Rowling, c'est son écriture. Il est fascinant de constater à quel point dès les premières lignes le style de Rowling fait mouche. Les premières pages, l' incipit, comme sorties tout droit d'un Roald Dahl et qui suivent le quotidien des Dursley servent un humour et une ironie sous-jacente déjà bien marqués. Cette entrée dans la vie des Dursley, cette petite vie horriblement banale qui nous est décrite et que nous n'approcherons plus d'aussi près par la suite, est pour moi une des plus belles entrées en matière de la littérature jeunesse et de l'imaginaire.

Car si on y pense bien, Rowling n'a pas choisi la facilité. Elle aurait pu, par exemple, commencer avec l'assassinat des parents de Harry, ou bien, comme dans le film de Chris Colombus, avec l'apparition d'Albus Dumbledore et du Professeur McGonagall à Privet Drive, une formidable première scène avec des personnages du monde magique. Or ce n'est pas le cas. En partant sur le principe du roman fantastique où un personnage non magique, ici Vernon Dursley, remarque des événements sortant de l'ordinaire, Rowling construit une atmosphère emprunte de mystère où le lecteur, comme Dursley, est amené à se poser des questions. Des hommes et des femmes habillées de façon farfelue ; des hordes de hiboux, ces animaux nocturnes, qui se déplacent étrangement en plein jour ; des faits météorologiques anormales décrits au JT de 20h ; et l'angoisse que le personnage de Vernon Dursley semble éprouver à mesure que la journée passe. Quelque chose cloche, quelque chose de " pas normal " vient de se produire. Cette immersion dans le monde des Moldus à travers les yeux de son plus fidèle représentant est unique dans la saga Harry Potter, mais rend parfaitement compte de la façon dont Rowling construit l'immersion par étape de son lecteur dans l'univers. Car comme Dursley, et Harry plus tard dans le récit, le lecteur n'est pas au fait des us et coutumes d'un monde caché au regard de tous. Rowling a fait de la narration interne sa marque de fabrique, où tout ce que le lecteur découvre se fait à travers le prisme d'un personnage, rendant l'identification du lecteur avec l'histoire d'autant plus forte.

Les prémices d'une épopée

Quant au personnage de Harry, s'il est assez " effacé ", il tient le rôle d'explorateur émerveillé d'un univers qu'il ne connaît pas. Ainsi, il parle relativement peu, s'interroge beaucoup et sa personnalité est particulièrement en retrait si on la compare avec celles des autres protagonistes tels que Ron, Hermione, Malefoy ou même Neville, plus marquées. Pourtant, il y a un passage en particulier, décisif, qui est la preuve que cet enfant est pourvu d'un caractère frondeur, brave et téméraire.

- Et alors ? explosa Harry. Vous ne comprenez donc pas ? Si Rogue parvient à s'emparer de la Pierre, Voldemort va revenir ! Vous n'avez jamais entendu dire comment c'était quand il a voulu prendre le pouvoir ? S'il y arrive, on ne pourra plus se faire renvoyer tout simplement parce que Poudlard n'existera plus ! Il va le détruire, ou le transformer en école de magie noire ! Perdre des points n'a plus aucune importance. Tu crois qu'il vous laissera tranquille, vous et vos familles si Gryffondor gagne la coupe ? Si je me fais prendre avant d'avoir réussi à atteindre la Pierre, je n'aurais plus qu'à retourner chez les Dursley et y attendre que Voldemort vienne me chercher. Ça ne fera que retarder un peu le moment de ma mort, parce que moi, je ne me mettrai jamais du côté des forces obscures ! Cette nuit, je passe par cette trappe et vous ne pourrez pas m'en empêcher ! C'est Voldemort qui a tué mes parents, il ne faut pas l'oublier.

La silhouette du héros mythique, de cet adolescent et jeune adulte qu'il est amené à devenir, qui devra affronter des obstacles dangereux et vivra des moments très douloureux, est en train de se dessiner sous nos yeux. Ce passage est d'autant plus intéressant qu'il est prophétique : Harry a déjà compris d'une certaine manière que son destin est intrinsèquement lié à celui de Voldemort, en faisant de lui son ennemi personnel. En s'engageant sur la voie qui le mènera à affronter le Mage noir à la fin de la saga, il est déjà prêt à mourir si nécessaire. Un autre passage est tout aussi intéressant et montre à quel point le destin de Harry était déjà écrit : à l'infirmerie quand Dumbledore et Harry ont leur première vraie conversation. Une conversation inachevée où le directeur reste très évasif et élude les questions du garçon sur sa cicatrice, sur Voldemort et les raisons qui l'ont amené à s'attaquer à lui bébé. Car en posant les bonnes questions, Harry avait sans le savoir mis le doigt sur le lien qui le liait à Voldemort. Dumbledore fera référence à cette conversation à la fin du tome 5, lorsque enfin il apportera des réponses à toutes ces questions restées en suspens pendant 4 ans et avouera avec regrets n'avoir pas voulu voir que Harry était en réalité prêt à porter le fardeau de la prophétie dès sa première année.

La façon dont Rowling a emboité son récit, maillon après maillon, de manière cohérente est assez remarquable. Jetant des indices à la vu de tous mais dont la compréhension et les répercussions ne se feront que bien plus tard, elle a fait de L'école des sorciers un livre bien plus profond que ce que le caractère enfantin et léger de ce premier tome laisse paraître. En redécouvrant le tome 1 en toute connaissance de l'histoire de la saga, l'émotion est assez grande, je vous l'avoue. Voir ces tous jeunes protagonistes, candides, bien loin de s'imaginer ce qui les attend, lire les premières apparitions de certains personnages de la saga que l'on va perdre au fur et à mesure, vivre les premiers (et les derniers ?) moments d'insouciance avec nos héros et s'imaginer les évolutions psychologiques que tous ces personnages vont connaître, font de cette relecture une expérience peu commune et riche en émotion. Un peu comme si j'avais réussi à retourner dans le passé avec un Retourneur de Temps, volé à un quelconque fonctionnaire du Ministère de la Magie.

Je vous le dis mes lapins, forte de cette expérience, le second tome Harry Potter et la Chambre des secrets est d'ores et déjà en attente sur ma table de chevet.


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