Chronique « Polar (T2) – Œil pour œil »
Scénario, dessin et couleurs de Victor Santos,
Public conseillé : adultes / Grands adolescents (à partir de 16 ans),
Style : Thriller-Policier, Graphisme,
Paru aux éditions Glénat Comics, le 11 janvier 2017, 176 pages couleurs, 15.95 euros,
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L’Histoire
Ce corps que ce drôle d’ermite repêche dans les eaux de l’Arctique, c’est celui de Christy White. Elle devrait être morte, d’abord de cette balle qu’on lui a tirée dans l’œil droit, ensuite du fait de ce séjour prolongé dans une eau glaciale. Mais il a senti qu’il restait en elle une part de volonté qui ne voulait pas céder à la mort, un désir fou de survivre, de s’accrocher au dernier souffle de vie, peut-être pour se venger de ceux qui l’ont mise dans cet état.

Près de cet étrange personnage, planqué dans un bunker oublié de tous elle va se reconstruire, panser ses blessures, du moins celles qu’elle peut guérir. Quand l’envie d’aller plus loin la prend, pour effacer les cauchemars qui la hantent, c’est de vengeance qu’elle va vouloir. Et là, celui qui comme elle a perdu son œil droit, celui dont elle va découvrir le nom, Black Kaiser (personnage central du T1 de « Polar »), cet espion d’un autre temps, va pouvoir l’entraîner. Au tir, au combat rapproché, et à une multitudes de techniques de contrôle de soi et beaucoup d’autres, efficaces, variées et, surtout, mortelles pour ses adversaires. Pour Christy, le temps est venu…
Autour de la famille Caronte, mafieux, hommes de main, flics véreux, tous vont trembler face à la violence brute d’une combattante obstinée et efficace.

Ce que j’en pense
« Polar » est au départ un webcomic sans paroles du dessinateur espagnol Victor Santos (« Furious », « Black Market ») qui joue dans la cour du hard-boiled avec un graphisme très « millerien ». Comment ne pas faire de comparaison avec « Sin City » lorsque l’on voit cette déclinaison en noir et blanc, souvent abondamment gorgée du rouge qui accompagne les chorégraphies mortelles des combats ? La couverture de cet « Œil pour œil » est d’ailleurs fondue dans d’intenses à-plats rouges et annonce clairement une histoire à la « Sin-City », voire « Kill Bill ».
Pour passer du webcomic au comic book, Victor Santos a ajouté les dialogues sur ses créations graphiques distillées en grandes cases élargies dans ce format à l’italienne qui classe cet album hors des formats habituels de la BD et des comics. L’intérêt de ce tome 2 de “Polar” réside d’ailleurs beaucoup dans sa folie graphique, l’auteur multipliant les jeux avec des matières, des styles de dessin selon le type de scène qu’il dépeint. Le rouge identifie la jeune femme, de cet œil vidé de sa substance mais qui réclame le prix du sang. Si l’histoire est simple, elle est d’une efficacité redoutable, d’un dynamisme incroyable, d’une intensité et d’une violence inouïe.
« Polar (T1) vVenu du froid », amateurs d’histoires de durs à cuire, de vengeances infernales et de comics très rythmés et à la brutalité graphique impressionnante. Petit à petit, Victor Santos impose sa signature personnelle, construite autour d’influences majeures telles Frank Miller, Mike Mignola ou Quentin Tarantino. C’est un dessinateur à suivre, notamment s’il élève encore son niveau tout en s’éloignant de ses modèles.

