Hugo Boris, « Police »

police-blogDans la série « 3 coups de foudre en trois jours », commencée il y a… fort fort longtemps, j’ai très envie de vous parler de Police, qui est un roman magnifique et plein d’humanité (caractéristique récurrente des romans que j’aime le plus).

Hugo Boris, « Police »

Hugo Boris, « Police »

Ils sont gardiens de la paix. Des flics en tenue, ceux que l’on croise tous les jours et dont on ne parle jamais, hommes et femmes invisibles sous l’uniforme.

Un soir d’été caniculaire, Virginie, Érik et Aristide font équipe pour une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Mais Virginie, en pleine tempête personnelle, comprend que ce retour au pays est synonyme de mort. Au côté de leur passager tétanisé, toutes les certitudes explosent. Jusqu’à la confrontation finale, sur les pistes de Roissy-Charles-de-Gaulle, où ces quatre vies s’apprêtent à basculer.

En quelques heures d’un huis clos tendu à l’extrême se déploie le suspense des plus grandes tragédies. Comment être soi, chaque jour, à chaque instant, dans le monde tel qu’il va ?

Hugo Boris, « Police »

J’ai lu ce livre il y a vraiment longtemps, pourtant les émotions que j’ai ressenties sont intactes. Je ne vais pas vous parler du style, je l’ai oublié. Je ne vais pas vous parler de narration, je ne sais plus. Mais j’ai très envie que tout plein de gens lisent ce très beau livre, alors je vais vous dire les bouleversements (parce qu’en fait, il n’a été question à peu près que de ça, pendant les quelques heures délicieuses que j’ai passées entre les pages de ce roman).

Je me souviens de l’écriture hyper-cinématographique : dès la première page, le film a commencé à défiler dans ma tête, je savais exactement où j’étais, je visualisais tout, et je n’ai même pas eu le temps de dire « ouf » que j’étais déjà absorbée par l’intrigue. Et d’intrigue, il est bien question, même si, en bref, ce livre raconte le raccompagnement d’un demandeur d’asile à la frontière.

J’ai été tendue du début à la fin, comme ces trois policiers qui, suite à un imprévu, doivent s’acquitter de cette mission n’entrant pas du tout dans leurs fonctions habituelles. Chacun a ses soucis, ses questionnements, chacun est un peu bouffé par la vie. Virginie va se faire avorter le lendemain. Derrière ses blagues pipi-caca, Aristide cache un grand désarroi face à cette situation difficile. Erik, enfin, a toujours fait de son mieux, suivi et donné les ordres en restant droit comme un i, mais son âme est hantée depuis un moment par bon nombre de questionnements quant au sens de son existence et de son métier. Le roman raconte brillamment comment ces trois-là vont s’acquitter d’une mission qu’ils n’ont pas choisie.

Je me souviens que j’ai adoré le personnage du demandeur d’asile, qui ne parle ni ne comprend le français, mais qui comprend les regards, les fuit, les recherche, les craint. Sa présence marque le roman au fer rouge du début à la fin, et malgré sa discrétion, malgré son silence, j’ai ressenti toute la grandeur de ce personnage magistral. Et ça aussi, j’ai trouvé que c’était vachement bien : que le roman ne soit pas tourné que vers les flics bleu-blanc-France, mais aussi vers Asomidin, cet Autre dont la présence sur le territoire français ne fait pas bien propre.

Hugo Boris, « Police »

J’ai adoré ce roman parce qu’il sonne terriblement juste. Chacun de ces quatre personnages est à la fois d’une vérité et d’une banalité confondantes. Chacun pourrait être vous ou moi, chacun a ses failles et ses beautés. Et au final, cette profonde humanité donne un roman solaire.