La porte du ciel

Eve est esclave sur la plantation des Whitfield quand Mr McCoy, médecin, décide la ramener chez lui. Sa femme n’est pas surprise et Eleanor, leur fille, a désormais une compagne. L’une a donc la peau mate (elle est mulâtre) et les cheveux crêpus, l’autre est blanche et blonde. L’une parle peu et ne connaît pas la nourriture qu’on lui met sous les yeux, l’autre lit et sait jouer aux échecs. Vu ainsi, Eve et Eleanor ne se ressemblent en aucun point et n’ont rien pour s’entendre. Elles sont pourtant toutes les deux victimes d’une existence dont elle ne sont pas les maîtresses et vont devenir très proches. Si proches que le jour où Eleanor se marie, elle emmène Eve avec elle dans sa nouvelle demeure. Leur histoire commence avant le début de la guerre de Sécession, la traverse, connaît l’émergence du Klu Klux Klan et l’abolition de l’esclavage. Elle comporte volontairement peu de dates ou de repères.

Eve et Eleanor sont le point de départ et le fil rouge de La porte du ciel. Régulièrement, Dominique Fortier fait une pause dans le récit qu’elle leur consacre pour parler des Quilts of Gee’s Bend, ces courtepointes réalisées par les African-American women d’Alabama faisant partie intégrante de l’histoire de l’art des Etats-Unis, ou pour faire des bonds dans le temps. Dans tous les cas, toujours pour évoquer la liberté, la segrégation et la si belle unité formée par la diversité. Les symboles représentant ces thèmes sont nombreux. Des couvertures aux dessins sur le sable, aux pensées des protagonistes. La façon dont est fait ce roman évoque d’ailleurs l’affranchissement le rassemblement d’éléments qui se distinguent les uns des autres. L’auteur du Bon usage des étoiles voit les Etats-Unis comme un patchwork géant, la même vision est donné de sa mosaïque de mots, de chapitres que le lecteur lit même peut-être un peu comme il veut. Le lecteur qui ne lit pas ici un roman historique conventionnel mais un roman qui n’en n’est pas moins extraordinaire. Lire l’Amérique ainsi, être guidé vers elle par un narrateur on ne peut plus surprenant et allégorique, à bord d’une si belle plume et d’une forme si pertinente est un vrai cadeau.

La porte du ciel

Présentation de l’éditeur :
Alors que la Guerre de Sécession fait rage, deux fillettes que tout oppose, deux destins, vont se croiser. Au cœur de la Louisiane et de ses plantations de coton, deux fillettes grandissent ensemble. Tout les oppose. Eleanor est blanche, fille de médecin ; Eve est mulâtre, fille d’esclave. Elles sont l’ombre l’une de l’autre, soumises à un destin qu’aucune des deux n’a choisi. Dans leur vie, il y aura des murmures, des désirs interdits, des chemins de traverse. Tout près, surtout, il y aura la clameur d’une guerre où des hommes affrontent leurs frères sous deux bannières étoilées. Plus loin, dans l’Alabama, des femmes passent leur vie à coudre. Elles assemblent des bouts de tissu, Pénélopes modernes qui attendent le retour des maris, des pères, des fils partis combattre. Leurs courtepointes sont à l’image des Etats-Unis : un ensemble de morceaux tenus par un fil – celui de la couture, celui de l’écriture. Entre rêve et histoire, Dominique Fortier dépeint une Amérique de légende qui se déchire pour mieux s’inventer et pose avec force la question de la liberté.


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