Un récit déjanté où tout est centré sur le corps. Son fonctionnement, ses capacités parfois hors normes, ses défaillances, ses limites. Un corps que l’on expose, que l’on met au supplice sous les yeux d’un public guettant le moment où les faibles vont craquer les premiers. Avec ce roman on est dans le vain, l’inutile, l’absurde, le néant, l’indispensable quoi !
Les personnages d’Incardonna ont un air de parenté avec les freaks du génial Harry Crews. Le turc poilu, le révérend illuminé, les filles de petite vertu toujours prêtes à rendre service, la journaliste qui passe en revue les candidats en les suçant les uns après les autres avec application. Un grand cirque plein d’obsessions et d’obsédé(e)s, plein de sueur et de sperme. De l’humour noir sans ironie et une plume acérée comme une lame, allant à l’essentiel sans laisser un poil de gras sur l’os. Chaleur est un roman sec et désespéré où la moquerie n’a pas sa place malgré un sujet de prime abord risible, un roman qui met en lumière des jusqu’au-boutistes pathétiques frôlant l’état de grâce. Il fallait oser, le résultat m’a emballé.
Chaleur de Joseph Incardona. Finitude, 2017. 150 pages. 15,50 euros.