Proies faciles (One shot)

Chronique « Proies faciles »

Scénario et dessin de Miguelanxo Prado,

Public conseillé : Adultes / Adolescents,

Style : Polar social,
Paru aux éditions « Rue de Sèvres », le 11 janvier 2017, 18 euros,
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L’Histoire

Mars 2014, dans une petite ville de Galice, en Espagne. L’inspectrice Olga Tabares et son collègue viennent constater la mort brutale et inexpliquée de Juan Tobada Rias, à son domicile. Le lendemain, dans un bar de la rue Ramon Fonseca, une salariée de la banque d’à côté décède pendant sa pause déjeuner. Rapidement, le verdict tombe : ils ont été empoisonnés !
Le lendemain, deux morts de plus s’allongent sur la liste : un homme qui faisait son jogging et une contrôleuse financière à son bureau…
Rapidement, les enquêteurs se rendent compte que les victimes étaient tous des salariés de banque à des postes différents… Visiblement, un tueur en série ou un groupe de terroristes est en marche…

Prado, un auteur vrai !

Miguelanxo Prado est un auteur espagnol aussi talentueux que respecté par la critique et le public. Après la révélation de “Chienne de vie” en 1988, il a reçu l’Alph-art du meilleur album étranger en 1994 pour pour “Trait de Craie” et le prix national de la bande dessinée en 2013 pour le magnifique Ardalén. Précédemment publié chez Casterman, Prado entre donc dans le catalogue des éditions “Rue de Sèvres” pour notre plus grand plaisir.
Comme Juan Dias Canales, avec “Au fil de l’eau”, Prado s’inscrit dans son temps. En défenseur des valeurs humaines en souffrance dans notre époque (la sagesse, la solidarité, le grand âge..), il utilise son récit pour appuyer là où ça fait mal.

Ce que j’en pense

C’est l’injustice des “Actions préférentielles” que Miguelanxo Prado a décidé de dégommer à boulets rouges. Ce système (qui ressemble aux “Subprimes” américaines) a mis sur la paille les retraités espagnol, en grignotant les économies de toute une vie… Jamais rassasié, il permettait aux banques de déloger les petits épargnants qui n’avaient plus de quoi payer leurs factures, sans oublier leurs enfants…
Au lieu de réaliser un documentaire à charge, il nous offre un polar cynique. Et si les « proies faciles » (les retraités) devenaient, elles aussi, chasseurs ? Si pour une fois, les papis et mamies se révoltaient et donnaient des coups de pieds dans la fourmilière ? C’est avec ce pitch ironique que Prado avance à grand pas. Agrippé aux basques des inspecteurs Olga Tabares et de Carlos Sotillon, il nous embarque dans une enquête à cent à l’heure. Tandis que les morts s’accumulent autour d’eux, les enquêteurs doivent choisir entre conscience et obligations professionnelles…

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Soutenu par les beaux portraits réalistes de ces petits vieux, faibles et meurtriers à la fois, il construit un récit cynique et touchant à la fois. Difficile de ne pas prendre cause pour ces victimes du sytème et penser comme eux, que les salauds méritent la mort…

Pour finir, impossible de passer sous silence la beauté des dessin de Prado. Expressifs et réalistes à la fois, son trait est beau et sombre. Les compositions sont classiques, les cases s’enchaînent avec fluidité. Le dessin, tout en niveau de gris, m’a embarqué dans cette histoire si simple et proche de nous.

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