Juste la fin du monde - Xavier Dolan (2016)


Juste la fin du monde - Xavier Dolan (2016)Douloureux… C’est le mot qui vient en sortant du dernier film de Xavier Dolan…
Je trouve aussi que c'est le bon mot, la douleur de ce fils qui revient après plusieurs années d'absence annoncer sa mort. Il choisit de s'entourer de sa famille pour briser le poids de la solitude. Puis il repart, plus seul encore, étranger dans un univers familial fait de violence contenue et de vieilles rancœurs. Chacun est emmuré dans son indifférence, le poids de ses conflits avec l’autre. C’est donc ça l'égoïsme? Les silences et les regards dans ce film m'ont arraché le cœur.Douloureux, c'est le bon mot...
Oui, les regards. D'incompréhension, fuyants, interrogateurs, suppliants. Perdus.Notamment ceux du personnage de Marion Cotillard. Tellement effacée, tellement horripilante, par ses multiples hésitations, et à la fois tellement troublante, tellement touchante. J’ai eu mal pour elle.
Si j’ai souffert pour l’un des personnages c’est bien elle. On sent qu’elle porte douloureusement la solitude de chacun. Ils sont tous dépassés par l’incapacité d’accueillir la souffrance de l’autre. Son âme est sur le point de se fissurer. Elle semble supplier celui qui croise son regard de la libérer. Regard désespéré, dissocié de la réalité, sur le seuil de la rupture. Il existe plus grande solitude tu crois?
Je ne sais pas mais on a mal pour elle. Tellement enfermée, empêtrée, avec une telle volonté de bien faire, incomprise alors qu'au final, elle est la seule à comprendre...C'est vraiment un huis clos oppressant. Étouffant. Suffocant. Et le seul moment où l'on sort de la maison, je pense à la scène dans la voiture, c'est encore pire. Un lieu en mouvement, avec vue sur la nature extérieure et pourtant, c'est terrible. Encore plus oppressant.
J’y ai beaucoup réfléchit en sortant du film. C’est quand même fort, elle est la seule à avoir un lien indirect avec la famille et à la fois la seule à comprendre. Son « détachement » lui donne sans doute la force d’écoute que les autres n’ont pas. L’écoute à travers le regard et les mots…J’ai eu du mal avec la scène de la voiture, j’avais l’impression d’étouffer. J’aurais voulu ouvrir cette maudite portière pour que Louis échappe à la violence de son frère. C’était tellement insupportablement bien joué que je ressentais une angoisse terrible en moi, il me semble que la scène n’en finissait pas! Comme tu dis, le lieu était en mouvement et en même temps figé dans un espace restreint auquel il est à peu près impossible de fuir sinon qu’en se jetant par la fenêtre. Quelle torture!
Aucune échappatoire possible ! Globalement, les acteurs sont remarquables. Moi qui ne suis pas très fans de Vincent Cassel et encore moins de Léa Seydoux, les deux m'ont vraiment bluffé, notamment dans les dernières scènes. On vit avec eux, l'impression qu'ils ne jouent plus mais qu'ils sont.
Oui, ils sont tous exceptionnels, Dolan arrive à les mettre en valeur à travers leur rôle. Je ne suis pas non plus une grande fan de Cassel et Seydoux et pourtant ici ils m'ont laissé sans voix, surtout Cassel. Je me dis que quand j'arrive à autant détester la personnalité d'un acteur; c'est qu'il a vraiment fait son travail! J'aurais eu envie à quelques reprises de le secouer un peu, il faut dire que les colériques je les fuis comme la peste!
Un film de Dolan assez différent même si on retrouve sa patte. Gros plan, regards, ralentis.
Et notamment dans ces intermèdes musicaux pour le moins décalés. Inclure le tube d'O-Zone dans ce film, il fallait oser !

Il m’a tellement fait sourire avec ce clin d’œil musical! Je me suis rappelée le fameux On ne change pas de Céline Dion dans Mommy, une chanson que personne n’oubliera jamais, et pour cause! :DJ’ai lu quelque part que la bande sonore originale est l’œuvre de Gabriel Yared, le même compositeur qui a produit la bande originale du Patient anglais. Je crois que c’est la seule musique de film que je ne me suis jamais achetée dans ma vie. Elle m’avait procuré des émotions fortes, vingt ans après le film il m’arrive encore de l’écouter. Quel talent!
Quel talent, c'est aussi ce que je me suis dit à propos de Xavier Dolan après avoir vu ce film !
Dolan, sacré jeune prodige, ne cessera jamais de m’étonner! J’attends déjà le prochain avec impatience. Voilà, je retourne à mon bol de popcorn extra beurre…….. ^^ Rendez-vous dans quelques temps pour les prochains blablas de manU et Nad!
Juste la fin du monde - Xavier Dolan (2016)

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois