Bilan, première partie (Deux ans du blog, coups de cœur & déceptions 2016)

2017 est arrivé ! Je vous souhaite à tous une merveilleuse année, pleine de découvertes culturelles enrichissantes ! Qui dit nouvelle année, dit heure des bilans. Sur Youtube, mes vidéastes préférés multiplient les sélections de bons et mauvais films et sur les blogs de lecture fleurissent les bilans de lecture. A mon tour de me plier à l'exercice.

Les deux ans du blog

Avec 2017, le blog fête ses deux ans. J'avais ouvert cet espace en janvier 2015, avec un article consacré à Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? de Pierre Bayard. Je préparais alors pour la première fois le concours de bibliothécaire, en candidat libre et sans formation préalable - inutile de vous dire que je n'avais même pas passé le seuil de l'oral. Avec quelques changements de design successifs, j'ai l'impression que son contenu a en partie évolué. Si certaines rubriques ne sont qu'en pause (je mûris longuement mes Introuvables), d'autres ont plus ou moins disparu : le mardi sur son 31 ou, plus encore, le C'est lundi ! Que lisez-vous ?

Plusieurs facteurs sont en cause : d'une part, j'ai tenté de retrouver l'aspect communautaire qui était celui de la blogosphère littéraire que je fréquentais lors de mon premier blog (entre 2007 et 2009 environ). Sauf qu'une partie des codes avait changé. D'autre part, la production éditoriale a elle-même évolué, et de nombreux genres de littérature encore peu visibles à l'époque ont aujourd'hui la part belle sur les blogs qui, justement, ont perpétué ces pratiques sociales (swaps, tags, etc.). Je pense par exemple aux classifications New Romance, New Adult, qui commencent doucement à se faire une place dans les rayonnages des librairies et des bibliothèques. Je ne doute pas de la qualité de cette production, mais je n'en lis pas, ce qui limite les possibilités d'un échange constructif avec cette communauté. Enfin, ce sont des pratiques qui se sont trouvées menacées par d'autres médias, notamment Twitter, et ses #Vendredilecture, #Mardiconseil et autres petites questions du lundi : le medium me semble plus adapté pour ces micro-posts fondamentalement éphémères, résultats d'une inspiration du moment. De même, la plupart de mes textes personnels ont été publiés exclusivement sur Scribay ces derniers temps.

En ce sens, le blog a suivi un double mouvement : celui d'une spécialisation de ses contenus ( exit les textes et les tags, ces derniers temps) mais aussi d'une nouvelle diversification : avec les Introuvables, d'abord, mais aussi quelques articles sur le monde du livre et enfin mon complet ex-cursus sur Giselle, j'ai peu à peu ouvert mes horizons, en m'autorisant à faire autre chose que de simples chroniques de lecture. J'aimerais continuer à aller dans ce sens, tout en chroniquant toujours un livre lorsque j'ai envie d'en parler. Je ne m'interdirai pas de republier de temps en temps un texte, car j'aimerais vraiment réorganiser cette section et proposer quelques œuvres très courtes (tout en gardant les longues pour Scribay voire des projets de publication).

En un mot, j'ai l'impression que ces deux ans sont une étape pour le blog, et j'espère que vous serez nombreux à rester avec moi durant l'année qui s'annonce, afin de voir où cela nous mènera.

Lectures : une année en demi-teinte

Lorsque j'ai parcouru des yeux mon récapitulatif des chroniques déjà écrites, je me suis rendue compte que l'année était un peu plus pauvre en coups de cœur que la précédente. C'est peut-être normal : j'ai plongé à corps perdu dans la littérature contemporaine l'année dernière et l'euphorie de la découverte m'avait peut-être rendue plus indulgente. Cependant, je garde tout de même de très bon souvenirs de cette année littéraire. En voici une sélection :

Les coups de cœur de l'année 2016 : Top 5.

Bilan, première partie (Deux ans du blog, coups de cœur & déceptions 2016)

Le premier livre de ce top est un sympathique outsider tout droit venu d'Estonie. Il s'agit de Métal, de Janis Jonevs aux éditions Gaya. Initialement intitulé Jelgava 1994, le livre est une chronique de la jeunesse estonienne de l'époque, à travers le portrait d'un narrateur découvrant, étape par étape, le métal extrême. C'est la première fois que je découvre une description littéraire d'un mouvement musical encore peu étudié et, pour ne rien gâcher, c'était plutôt bien fait.

Bilan, première partie (Deux ans du blog, coups de cœur & déceptions 2016)
    Malgré tous mes efforts, je n'ai pas réussi à chroniquer Une chambre à soi de Virginia Woolf. C'est le premier ouvrage que je lis d'elle - j'avais essayé Orlando il y a quelques années sans succès. Or je me suis sentie trop petite pour retranscrire le propos d'Une chambre à soi. Bien sûr, résumer la question de l'indépendance des femmes et la nécessité d'avoir un espace à soi pour y penser, écrire, etc., tout cela à travers une parabole sur la sœur imaginaire de Shakespeare, je pourrais le faire. Mais ce faisant, je passe à côté du tour d'esprit si particulier de l'auteur, de sa manière simple en apparence de dérouler ses arguments comme si c'étaient de modestes intuitions, alors que le raisonnement est implacable par ailleurs. Une très belle lecture. Je reviendrai sans doute à Virginia Woolf à nouveau, maintenant que j'ai l'impression de l'avoir un peu apprivoisée. Mais difficile de savoir si je la chroniquerai cette fois !
Bilan, première partie (Deux ans du blog, coups de cœur & déceptions 2016)
    Je dois confesser quelque chose : pour l'instant, la rentrée littéraire ne m'enthousiasme pas trop. Sans doute suis-je passée à côté de plein de perles, et je combien bien lire mon petit 1%, mais je n'ai pas encore trouvé mon grand coup de cœur. Il y a tout de même un titre qui me reste : c'est The Girls d'Emma Cline, aux éditions de La Table ronde. Je l'ai lue de manière totalement intéressée car ce sont des thèmes que je souhaite traiter moi-même, dans un contexte tout autre, mais qu'est-ce qu'ils sont bien gérés dans ce roman-là !
Bilan, première partie (Deux ans du blog, coups de cœur & déceptions 2016)
    Toute la presse en parle, tous les blogs en sont fous. Élu livre de l'année 2016 par le magazine Lire, catégorie fantastique, La Maison dans laquelle de Mariam Petrosyan , aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, n'en a pas fini de faire parler de lui. J'avais eu la chance de le recevoir en avant-première grâce à Babelio, et je garde encore aujourd'hui des souvenirs frappants de cette lecture.
Bilan, première partie (Deux ans du blog, coups de cœur & déceptions 2016)
    Le 17 janvier 2016, je chroniquais mon premier coup de cœur de l'année : Archives du vent de Pierre Cendors. Olni de la rentrée littéraire 2015, superbement édité par le Tripode, ce roman continue de me hanter aujourd'hui. Plonger dans l'ancien comme un abîme, pour forger du nouveau ! Depuis, bien du chemin a été parcouru, j'ai plus envie que jamais de suivre cette maison d'édition, qui conjugue une production littéraire expérimentale, exigeante, et un objet-livre soigné. Or j'ai la chance cette année de faire partie des Lecteurs du Grand Trip. Vous en entendrez sûrement très bientôt parler !

Déceptions : Top 3.

    Ce n'est pas très gentil de ma part de mettre Bellevue de Claire Berest dans ce top. C'est une déception de lecture, certes, mais ce n'est pas un mauvais livre, techniquement. Sociologiquement, je suis peut-être la bestiole la plus proche possible du personnage, avec mes 28 ans, ma thèse non financée, ma vie pourtant parisienne, mes concours en phase d'être passés et mon besoin de reconnaissance. Et pourtant, je ne me suis pas sentie totalement concernée et j'aurais voulu en avoir plus. Et ce alors que le personnage déraillait carrément. Je m'évertue à trouver cela dommage.
    Une déception de lecture, ce n'est pas bien grave. Il suffit de refermer le livre et de passer à autre chose. Mais y a des lectures qui posent davantage problème. Titus n'aimait pas Bérénice de Nathalie Azoulai a été de celles-là pour moi. Outre que les processus de l'exofiction me rendent toujours méfiante, j'ai eu l'impression que la lecture plaquée sur Racine était peut-être trop moderne pour être honnête. Un livre qui aura tout de même eu le mérite de me faire acheter les œuvres complètes de Racine et de lire Bajazet dans la foulée.
    Je terminerai enfin par Envoyée spéciale de Jean Echenoz, encensé par la critique, mais à côté duquel je suis totalement passée. Pas de descente en règle dans ma chronique, j'ai plutôt essayé de comprendre pourquoi je n'ai pas accroché. Reste que c'est un de mes plus désagréables souvenirs de lecture de l'année, et que j'ai vraiment peiné à le finir. C'est assez rare pour être mentionné.

Des résolutions ?

Ai-je des résolutions à ne pas tenir, ou à tenir seulement un moment, en terme de lecture ? Oui et non.

J'aimerais trouver un moyen de garder une trace de tout ce que je lis. En effet, je n'en chronique qu'une petite partie et beaucoup de lectures, qu'elles soient d'étude ou récréative, passent rapidement inaperçues dès lors que je souhaite faire le bilan. J'ai alors tendance à me reprocher de n'avoir rien fait. J'ai mon compte Babelio, mais je n'y mets pas tout non plus - surtout qu'il est compliqué de classer un livre selon des catégories si tranchées que lu et non lu, dès lors qu'on feuillette, qu'on n'en lit qu'une partie, etc. Et puis il y a tout ce que je lis sur le Net, les articles de presse que je picore de temps à autres, les textes sur Scribay. Comment mesurer les pratiques de lecture, aujourd'hui ? C'est une question qui se pose avec beaucoup d'acuité dès lors qu'on essaie de mesurer l'évolution de la lecture : l'éclatement des formes fait qu'il est plus difficile de quantifier ce que nous lisons réellement.

A côté de cela, j'ai bien envie de reprendre le challenge Classique, avec un peu d'Introuvables mais aussi un peu plus de classiques au sens un peu plus restrictif du terme ; je voudrais également terminer mon Challenge 1% Rentrée littéraire tout doucement (mais on en reparlera dans la deuxième partie du bilan, consacrée au sujet).

Enfin, je voudrais surtout retrouver des sensations de lecture que je ressens parfois comme un peu perdues. Me sentir embarquée, devoir m'arrêter parce qu'une phrase est belle et que je veux la mâchouiller un peu avant de repartir, me faire surprendre, me retrouver inspirée sans que j'aie rien demandé. J'espère que ma sélection de livres à lire y contribuera au moins en partie...

Et parmi les résolutions hors lecture, faire quelques expositions, ne pas rater certaines sorties ciné comme j'ai pu faire cette année et m'autoriser quelques ex-cursus culturels, sur le blog comme dans la vraie vie, dès que l'envie m'en prend !

Je vous laisse sur ces vœux pieux, avec un nouveau visuel à vous mettre sous la dent, et je vous dis à très bientôt pour la deuxième partie du bilan de 2016, consacrée à mes challenges de lecture et à l'écriture.

En vous souhaitant encore une merveilleuse année 2017 !


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