Mes plus belges années de Mathieu Ortlieb

Mes plus belges années de Mathieu Ortlieb

La chronique qui déshabille Strip-Tease

Fin 1992 : un OVNI débarque dans le PAF ; Il est presque minuit, on est sur FR3. Il ne faudra pas longtemps pour que Strip-Tease, cette chose venue de nulle part, devienne, comme on dit, une émission-culte. Deux ans plus tard, avec une audace de timide, un jeune réalisateur propose aux producteurs perplexes le portrait d'un étrange personnage : assistant d'un docteur de quartier pauvre et... vrai-faux SDF lui-même. Coup d'essai coup de maître, ce sera docteur Lulu, signé Mathieu Ortlieb, aussitôt promu épisode culte de cette émission-miracle.

Dans son roman en forme de chronique, Mathieu Ortlieb nous invite avec beaucoup de pudeur et de sincérité à passer de l'autre côté de la caméra de l'émission culte Strip tease, dont d'aucun disait qu'elle justifiait à elle seule la redevance télé ! Il nous raconte sa fascination immédiate pour cet OVNI télévisuel en tant que spectateur puis son parcours en tant que réalisateur lorsque l'émission est passée de l'autre côté de la frontière franco-belge. Nous entrons à pieds joints dans les coulisses de l'émission.

Strip Tease a longtemps été considéré comme une émission voyeuriste qui se nourrissait de la misère humaine sauf qu'en mettant en lumière le travail des réalisateurs et des équipes de tournage, l'auteur nous montre comment un réalisateur bienveillant parvient à faire surgir chez la personne filmée ce petit supplément d'âme (France Gall sort de ce corps !) que seule une confiance acquise au bout de longs mois permet d'entrevoir.

Mathieu Ortlieb fait comprendre à son lecteur que Strip Tease n'a rien à voir avec la télé réalité actuelle qui force des scénarios sur des protagonistes en détresse ou en manque de reconnaissance médiatique (Le fameux quart d'heure de gloire prédit par Andy Warhol).

Strip Tease c'est l'œil extérieur de l'analyste qui provoque des révélations, des épiphanies et qui donne la parole aux laissés pour compte du système.

La musique du générique de l'émission est une musique de fanfare, par essence la musique des gens du peuple, des cavalcades du Nord de la France mais aussi la musique des carnavals parce que l'émission a aidé de nombreuses personnes à faire tomber le masque et à se montrer à nous tel qu'ils sont, sans fausse pudeur mais sans sensationnalisme et avec une sincérité touchante. Mathieu Ortlieb est parvenu à humaniser davantage l'émission pour laquelle il a travaillé en nous expliquant les longs mois de repérage et de cohabitation nécessaires aux quinze petites minutes que durait chaque sujet. Il nous explique au fil des pages que sa préoccupation première a toujours été de découvrir ce qu'il y a de plus singulier chez l'être humain. On sent toujours beaucoup d'amour et de respect face à ces " sujets " (la tendance actuelle étant de se servir des gens en tant qu'objet) qui se battent pour surmonter une misère sociale, sexuelle ou familiale.

Je conseille vivement cette chronique pertinente qui nous montre l'envers du décors d'une émission autrefois sulfureuse souvent jugée en méconnaissance de cause. Cette chronique m'a laissé un goût de nostalgie,ce goût de friandise qui n'est plus commercialisée depuis longtemps mais dont on n'oubliera jamais la saveur.

Merci à Mathieu Ortlieb pour ce beau service presse !


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois