Tex "frontera" : le tex de mario alberti

Lorsque nous avions eu le très grand plaisir de recevoir l'artiste italien Mario Alberti, à l'occasion du dernier Free Comic-Book Day à Nice, son excellent "Tex Frontera" n'était pas encore sorti dans sa traduction française. C'est désormais le cas, et c'est une excellente opportunité, avant les fêtes, de s'offrir un album en tous points remarquable. Nous sommes à Frontera, petite bourgade mexicaine, qui donne son nom au récit. La redoutable Blanche Denoël séduit un gradé militaire local pour avoir accès aux geoles mexicaines, où croupit un homme inflexible, qui ne craque pas, malgré sa dose hebdomadaires de coups de fouet. Le lecteur n'est pas idiot, il saisi avant qu'on le lui confirme que le détenu n'est autre que'un jeune Tex Willer, en bien mauvaise passe. La splendide créature qui le rejoint parvient à le faire évader, en échange d'une promesse expéditive : l'aider à se débarrasser d'un certain Dan Shannon, un membre haut placé du corps des rangers, dont les agissements et le racisme ont déshonoré le corps tout entier. Il est aussi responsable de la mort de Blanche, qui cherche à assouvir une vengeance personnelle. Le père n'a pas été victime des indiens, comme on le fait croire à tort, mais il a été abattu froidement dans le dos par ses compagnons. Une trahison de la plus grande couardise. Mauro Boselli nous présente un récit fort classique dans sa trame, linéaire, qui en moins de cinquantes pages respecte les codes du genre et évite soignesement la moindre fausse note. Tex est toujours habile (ou est déjà habile, puisque cette aventure précède la série régulière que nous lisons chaque mois chez Sergio Bonelli editore en Italie) pour mettre au point un plan imparable, et faire se refermer le piège sur celui qu'il pourchasse. En plus il peut compter sur le coup de main de son pard de toujours, Kit Carson, qui vient dans la seconde partie appuyer le travail vengeur du plus célèbre cow-boy italien. 


Que dire des dessins de Mario Alberti? Que c'est somptueux? Nous sommes là en présence d'un Tex taillé dans le granit, une figure légendaire comme seul le cinéma américain savait en produire dans les années 40/50. Libre de s'exprimer et libéré du carcan du format italien (petit format, noir et blanc) Boselli et Alberti en profitent pour livrer des pages vertigineuses, et offrir à la fois un Tex classique et attendu, respectant tous les canons du genre, tout en le pervertissant de la plus agréable des façons. La couleur est renversante, avec une alternance entre des scènes nocturnes, où la lumière disparaît presque, et d'autres où le soleil mexicain ou du sud des Etats-Unis vient magnifier la tradition décennale de Tex. Mario Alberti est probablement l'artiste idéal pour ce genre d'exercice novateur (pour ce qui est de Bonelli Editore), lui qui est un des habitués de la maison d'édition milanaise depuis longtemps, et aussi un fréquentateur reconnu du style et du format franco-belge. La qualité des détails, la minutie, n'est pas sans évoquer par exemple ce que fait en ce moment Greg Tocchini sur Low, et j'ai toujours trouvé une certaine parenté dans la manière de définir les personnages, chez ces deux grands dessinateurs. Mais Alberti est plus dur, nerveux, et c'est ce qui permet de s'attacher vite et bien au héros de cette aventure, qui domine la scène sans avoir besoin de trop en faire. Blanche est quand à elle magnifique, ce qui ne gâche rien. 

Frontera ressemble fort au cadeau de Noël parfait pour celles et ceux qui ont envie d'offrir ou de s'offrir un bon western codifié et maîtrisé, mis en scène avec une maestria confondante. (disponible dans la collection Petit Pierre et Ieiazel éditée par Clair de Lune)

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