Le Musée de la BD dévoile les secrets d’une couverture réussie

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L’Art de la Couverture (exposition au Musée de la Bande Dessinée de Bruxelles jusqu’au 28 mai 2017)

La Marque jaune, Le Lotus bleu, Z comme Zorglub, La Ballade de la mer salée… Si ces albums sont devenus mythiques, c’est en grande partie grâce à leurs couvertures, qui ont marqué les imaginaires de générations de lecteurs. Les couvertures jouent un rôle essentiel dans la réussite d’une BD. Et pourtant, on ne s’y attarde pas souvent. D’où l’intérêt de l’exposition “L’Art de la Couverture”, à voir actuellement au superbe Musée de la Bande Dessinée, situé rue des Sables dans le centre de Bruxelles. “Les couvertures des albums de bande dessinée incarnent la magie d’un récit, sa drôlerie, son suspense. Elles évoquent un univers, une époque, une ambiance…”, explique Valérie Constant, la commissaire de l’exposition. “Enigmatiques, esthétiques, provocantes, elles sont les affiches des albums, au même titre que les affiches de cinéma.” On peut même dire que les couvertures jouent un rôle plus important encore aujourd’hui qu’hier, dans la mesure où la couverture est souvent l’élément qui permet à une bande dessinée d’attirer l’oeil du lecteur et donc de se distinguer par rapport aux milliers d’autres albums qui sortent chaque année sur le marché.

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L’exposition s’intéresse aux différents éléments qui composent une couverture réussie, parmi lesquels la composition, le cadrage, la couleur, la typographie. A chaque fois, les explications s’appuient sur des exemples concrets. On apprend ainsi que Jacques Martin a fait entièrement redessiner la couverture d’un album de Lefranc parce que le héros était tourné vers la gauche. Or, pour des raisons de lisibilité, il fallait impérativement que le personnage soit tourné vers la droite, dans le sens de la lecture. L’expo permet également de découvrir que le choix de la couverture finale ne dépend pas seulement des auteurs, mais de l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre. L’éditeur, le directeur artistique, le maquettiste, le responsable marketing, les représentants commerciaux et les libraires ont eux aussi leur mot à dire. Exemple intéressant: on découvre les recherches faites par Frederik Peeters pour la couverture de “L’odeur des garçons affamés”, l’un des meilleurs albums de 2016. “Il fallait trouver l’équilibre entre la dimension western classique et la dimension fantastico-intimiste”, explique l’auteur suisse. “Mes premières recherches mettaient en avant le trouble sexuel, l’étrangeté des rapports entre les personnages, parfois à la limite du kitsch. Et puis l’éditeur a manifesté l’intention d’axer l’image davantage sur le western classique, pour des raisons commerciales je présume. J’ai trouvé l’équilibre en donnant aux roches du canyon un aspect organique, voire franchement sexuel. La symbolique à l’arrivée est puissante et discrète, je pense que le compromis entre les points de vue a finalement bien fonctionné.”

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L’exposition “L’Art de la Couverture” se prolonge également sur la Toile. Les bédéphiles peuvent s’exprimer sur leurs couvertures préférées via des sondages thématiques publiés régulièrement sur la page Facebook du Centre Belge de la Bande Dessinée (CBBD). Ils peuvent également se rendre sur la page du CBBD sur YouTube pour accéder aux différentes vidéos de l’exposition. L’occasion de découvrir les couvertures préférées de nombreux auteurs et acteurs du monde de la BD, parmi lesquels Philippe Geluck, l’auteur du Chat.



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