Le beau voyage d’Ulysse en combi Volkswagen

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The long and winding road (Ruben Pellejero – Christopher – Editions Kennes)

Ulysse est un gars qui ne respire pas la joie de vivre. Ce quadra un peu terne mène une vie de petit bourgeois bien rangé, a de l’embonpoint et sa femme ne lui fait plus aucun effet depuis bien longtemps. En plus, son père vient de mourir. Ce qui, en soi, n’est pas très grave puisqu’il ne ressentait pour lui ni amour ni estime, les relations entre le père et le fils étant devenues quasiment inexistantes au fil du temps. Autant dire que la surprise est de taille pour Ulysse lorsqu’il découvre les dernières volontés de son père. Celui-ci charge son fils d’aller répandre ses cendres sur l’île de Wight, au sud de l’Angleterre, en suivant le même périple que lui lorsqu’il s’était rendu au festival de 1970. Un concert mythique, qui avait rassemblé 600.000 personnes venues écouter The Who, Joan Baez ou encore Jimi Hendrix, dans un esprit très « flower power ». Ulysse se retrouve donc à traverser la France au volant d’un vieux combi Volkswagen en suivant un itinéraire bien défini, avec même une bande-son d’époque, son paternel ayant tout prévu dans les moindres détails. Evidemment, c’est à contre-coeur qu’Ulysse accepte d’entreprendre ce voyage posthume proposé par son père. D’autant plus qu’il se retrouve flanqué des trois compagnons de jeunesse de ce dernier, trois types avec lesquels il jouait dans un groupe de rock dont Ulysse n’avait même jamais entendu parler: les Tridents. Des révolutionnaires dans l’âme, à l’esprit rock’n’roll intact! Ce qui signifie que les emmerdes ne vont pas tarder à se multiplier… D’abord irrité, Ulysse va progressivement se rendre compte que ce voyage va enfin lui permettre d’apprendre à connaître son père. Mais surtout, il va comprendre qu’il est temps de remettre un peu d’ordre dans sa vie. Et si ce périple inattendu était pour lui un nouveau départ?

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Comme le suggère le titre emprunté aux Beatles, « The long and winding road » est un bel hommage au rock des années 60 et 70, la musique d’une génération qui avait soif de liberté. Le récit imaginé par Christopher, qui aime utiliser le rock dans ses scénarios (il suffit de penser à l’album « Love Song »), est d’ailleurs divisé en 45 mini-chapitres, qui portent chacun le nom d’une chanson emblématique des années 70, de « Venus » de Shocking Blue à « Whole lotta love » de Led Zeppelin en passant par « Lay Lady Lay » de Bob Dylan. Pour se mettre pleinement dans l’ambiance, on peut du coup lire l’album en écoutant la tracklist rassemblée par les auteurs, celle-ci étant même disponible sur Spotify. Le dessinateur espagnol Ruben Pellejero, décidément sur tous les fronts ces temps-ci puisque c’est déjà lui qui avait signé le nouveau Corto Maltese il y a quelques mois, a d’ailleurs réalisé l’essentiel de l’album en écoutant ces 45 chansons. Mais au-delà de son aspect musical, « The long and winding road » est aussi et avant tout un excellent road movie plein de rebondissements et de personnages hauts en couleurs, à l’image de films comme « Little Miss Sunshine » ou « Thelma & Louise ». Il faut dire que Christopher et Pellejero, qui ont travaillé pendant trois ans sur cet album, prennent le temps nécessaire pour bien installer leur histoire et leurs personnages, leur roman graphique faisant près de 200 pages. Une fameuse brique, qui constitue une belle carte de visite dans la bande dessinée pour adultes pour les toutes jeunes éditions Kennes.



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