Erskine Caldwell – Le petit arpent du bon dieu

caldwellAmateurs d’Amérique profonde, Erskine Caldwell vous entraîne dans le sud des États-Unis durant la grande dépression, au pays des cul-terreux édentés au comportement primaire. Vous y ferez la rencontre de Ty Ty et de sa famille, Ty Ty, un pauvre bougre, fruste et atteint d’une fièvre de l’or profondément ancrée, convaincu qu’à retourner sa terre il finira par trouver un filon. Alors il creuse chaque jour que Dieu fait. En vain. Mais quand Pluto, candidat dégénéré à l’élection de shériff, lui explique que seul un nègre albinos a le flair suffisant pour réussir là où lui échoue, Ty Ty se met en tête de mettre la main sur celui qu’on a justement aperçu dans les marais.

Si le roman débute comme un simple portrait social un brin caricatural, il s’oriente doucement vers le drame et affine ses personnages alors qu’on réalise peu à peu que leur principale complexité réside dans leur extrême et basique simplicité. Ils n’ont ni morale ni éducation, un langage cru et une sexualité débridée, une appréciation toute personnelle de la foi, pratiquent un racisme ordinaire et atavique et, finalement, sont d’autant plus attachants qu’ils n’ont que des défauts.

Au final, sa description d’une région sclérosée est faite avec beauté. De fait, alors qu’on s’approche d’une chute tragique et inéluctable, on se prend d’empathie pour des personnages qu’on pourrait facilement détester ou mépriser. Car, et c’est probablement là tout le talent d’Erskine Caldwell, il arrive à glisser de la poésie dans le portrait qu’il brosse d’une population qui en manque cruellement.