Palmyre, l’irremplaçable trésor de Paul Veyne

Par Alethi0 @Alethi0

J'ai découvert Paul Veyne sur les bancs de la fac et son Comment on écrit l'histoire ? m'a profondément marqué. Paul Veyne est un grand historien spécialiste de l'Antiquité gréco-romaine et il fait aussi parti des chercheurs qui ont marqué la discipline historique de manière générale.

En 2015, quand Daesh a détruit le site archéologique de Palmyre en Syrie, j'ai eu envie d'en apprendre plus sur cette ancienne cité et son importance. J'ai attendu la sortie en poche de cet essai avant de me l'acheter. Je n'ai pas été déçu par ce voyage dans le temps et j'admire encore une fois la qualité de conteur de Paul Veyne, qualité souvent absente chez les historiens.

L'histoire

" Ayant eu pour métier l'étude de l'Antiquité gréco-romaine, je n'ai cessé de rencontrer Palmyre sur mon chemin professionnel. Avec la destruction de Palmyre par l'organisation terroriste Daech, tout un pan de notre culture et mon sujet d'étude viennent brutalement de voler en éclats. Malgré mon âge avancé, c'était mon devoir d'ancien professeur et d'être humain de dire ma stupéfaction devant ce saccage incompréhensible et d'esquisser un portrait de ce que fut la splendeur de Palmyre qu'on ne peut plus désormais connaître qu'à travers les livres. "

Dans ce court essai de vulgarisation, Paul Veyne retrace rapidement l'histoire de la ville de Palmyre durant la période antique, plus précisément l'Antiquité gréco-romaine.

Il nous présente cette cité à travers différents thèmes (économique, culturel, politique, ...). Au fur et à mesure des pages, on découvre une cité hybride, différente des cités grecques ou romaines mais qui se revendique de l'empire romain.. On y parle araméen et non grec (sauf les élites), les dieux locaux sont conservés mais traduits par des noms de divinités grecques (Bêl est traduit par Zeus). Palmyre est avant tout une cité commerciale, la " Venise du désert ". Elle est sur la route de la soie et est le point de départ de nombreuses caravanes qui parcourent le désert, elle est une plaque tournante, une sorte de port du désert.

Je ne savais pas que Palmyre avait joué un rôle aussi important dans le commerce gréco-romain et j'ai également découvert l'importance de cette cité durant l'empire. J'ai découvert une reine, Zénobie, qui a tenté de prendre le pouvoir à Rome dans une période d'instabilité. Cela scellera la fin de la grandeur de Palmyre sous l'empire romain.

Rapide tour d'horizon de cette ville à son apogée. Cela donne envie d'en apprendre plus et fait regretter amèrement la destruction de ce site archéologique. Cette cité est complexe. Paul Veyne met bien en avant l'hybridité de son identité qui en fait sa richesse et qui semble aller de soit à cette époque. Personne ne remet en question son appartenance à l'empire romain alors qu'ils ont des dieux différents, des langues locales différentes. Palmyre est araméenne, arabe et gréco-romaine. Le peuplement d'origine est araméen, la langue parlée est l'araméen mais on y retrouve de nombreuses tribus arabes et elle fait partie de l'empire romain et les élites parlent le grec. Cela m'a donné envie de me replonger dans l'histoire de l'empire romain, loin des stéréotypes que nous en avons, afin de mieux comprendre l'esquisse que nous en propose Paul Veyne.

J'ai apprécié que les propos soient tournés vers Palmyre et sa grandeur passée et non sur Daesh, et cela même s'ils sont indirectement à l'origine de ce livre. Paul Veyne essaye tout de même d'apporter un point d'explication sur la destruction de ce site archéologique classé :

" Mais pourquoi, en août 2015, avoir fait exploser et détruit ce temple de Baalshamin ? [...] mais parce que ce monument est vénéré par les Occidentaux actuels, dont la culture compote un savant amour pour les " monuments historiques " et une vive curiosité pour les croyance d'ailleurs et de jadis. Or les islamistes veulent manifester que les musulmans ont une autre culture que la ¨nôtre, une culture qui leur est propre. " (p.120-121)

Cet ouvrage, assez court, se lit très facilement. Le style est fluide. Paul Veyne, malgré son âge avancé, écrit toujours aussi bien. Il fait souvent référence au contexte historique du moment sans s'attarder dessus, cela pourrait rendre la lecture un peu plus compliquée à des novices en histoire.

Petit bémol : il n'y a pas de carte, ni d'illustrations. J'ai parfois été perdue dans les descriptions. J'ai rajouté les illustrations qui m'ont été nécessaires pour cette lecture. N'hésitez pas à aller faire un tour sur le site de l' UNESCO.

Pour conclure

Un livre court mais dense qui m'a donné envie de me replonger dans mes bouquins d'histoire. Pour ceux qui n'y connaissent rien en histoire antique, Paul Veyne vous dépeint une cité et un empire romain loin des clichés que nous avons l'habitude d'entendre.

Je ne regrette pas un seul instant de mettre engagée dans cette lecture. Je vais donc essayer chaque mois de lire un essai d'histoire. Je ne promets rien mais cela me fera du bien.

J'attends avec plaisir vos avis sur ce livre. En attendant, bonne lecture et à dimanche pour le bilan du mois.

Références : VEYNE, Paul. Palmyre, l'irremplaçable trésor. Paris : Seuil, " Points Histoire ", 2016. 143 pages. 7€60