Amédée est paumé au sens propre comme au figuré. Il se demande ce qu’il fait là et il se demande où il doit aller. Sa route croise celle de bonnes sœurs en godillots, d’infirmiers dépassés par les événements, de fossoyeurs désabusés, de vaches abandonnées ou encore de cochons cannibales. Son errance souligne à merveille la confusion totale régnant sur les routes de France à l’époque. Une France déboussolée où tous les repères semblent s’être effondrés d’un seul coup.
contrastant avec le chaos ambiant, Rabaté offre une narration simple, directe, limpide. Une sobriété de circonstance en permanence au service du récit.
La Déconfiture, c’est la quête absurde d’un homme qui ne fait que suivre le mouvement sans réellement comprendre ce qui se passe. Entre situations surréalistes et dialogues à l’humour féroce, Rabaté propose un album tragi-comique permettant de suivre la défaite de l’armée française à travers les yeux d’un soldat placide, incrédule, ni patriote forcené ni déserteur dans l’âme. Hâte de retrouver Amédée pour connaître la suite (et la fin) de ses pérégrinations. Et ravi de retrouver un Rabaté en pleine forme après le décevant « Vive la marée ! ».
La déconfiture (première partie) de Pascal Rabaté. Futuropolis, 2016. 96 pages. 19,00 euros.