Guy Haines est dans le train quand il fait la connaissance de Charles Bruno. Ce dernier est un fin manipulateur qui réussit à inviter Guy dans son compartiment pour dîner. Il lui confie certaines choses sur sa vie dont la haine qu’il a pour son père. Guy en vient à se livrer également. Il lui explique que s’il se rend à Metcalf c’est pour y retrouver sa femme et régler les formalités de leur divorce, qu’elle est enceinte d’un autre qu’elle veut épouser. Bruno décèle le mépris que Guy a pour Miriam. Il fomente alors un plan dont il est extrêmement fier : et s’ils tuaient chacun pour le compte de l’autre ? Les deux hommes ne sont pas censés se connaître, n’ont aucun lien. Si Guy tuait Samuel Bruno et que Charles tuait Miriam, parfait serait le crime. Mais Guy est un talentueux architecte qui sait que sa carrière va bientôt prendre un nouvel tournant. Il est de nouveau amoureux et lui aussi sur le point de se remarier. Il quitte Bruno en refusant d’entrer un peu plus dans son jeu malsain. En ne pensant surtout pas que sa vie est sur le point de devenir un enfer. Car Charles Bruno va aller jusqu’au bout de son idée et faire entrer Guy malgré lui dans un cauchemar sans fin.
L’inconnu du Nord-Express est un des plus célèbres film d’Alfred Hitchcock. Certes. Mais il est avant tout un grand thriller psychologique écrit par Patricia Highsmith. Au fil des pages, ce qui a fasciné le maître du suspense qui en a même écrit une préface (conservée et traduite pour l’édition française) est évident. Au delà du plan principal, qui aurait d’ailleurs pu mener à une toute autre histoire, la spirale dans laquelle est entraîné Guy est fascinante et pétrifiante. La terreur que le personnage ressent est palpable. Son angoisse est contagieuse. Un sentiment d’oppression et d’impuissance se dégage de ces pages qui font office de prison littéraire. Comment en sortir ? Personnage ou lecteur. Car un tel récit, aussi bien mené, développé, affiné, amené, ne laisse pas ceux qui se sont fait absorber en ressortir indemnes.
Présentation de l’éditeur :
Deux hommes se rencontrent par hasard, dans un train. Chacun aimerait se débarrasser d’une personne de son entourage. Et si l’un tuait pour le compte de l’autre, il serait impossible d’établir le lien entre la victime et son meurtrier. Bruno est un jeune homme riche qui déteste son père, nourrit des idées morbides et fomente des crimes parfaits. Cette fois, il a imaginé un chef-d’œuvre du genre. Mais son interlocuteur, Guy Haines, architecte promis à un brillant avenir, est un homme intègre. Il sera entraîné malgré lui dans une spirale cauchemardesque. Le premier roman de Patricia Highsmith est un coup de maître. Alfred Hitchcock ne s’y est pas trompé en adaptant à l’écran L’Inconnu du Nord-Express ce chef-d’œuvre de suspense oppressant tel qu’il les aimait. L’auteur décrit avec une précision d’entomologiste les étapes de la descente aux enfers du héros. Comme un homme en train de se noyer, Guy Haines sort parfois la tête hors de l’eau, se débat avant de couler de nouveau. Le lecteur observe, angoissé, fasciné. (Bruno Ménard)
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