Les trois fantômes de Tesla (T1) – Le mystère Chtokavien

Chronique « Les trois fantômes de Tesla – tome 1, »

Scénario de Richard Marazano, dessin et couleurs de Guilhem Bec,

Public conseillé : Tout public

Style : Aventure fantastique,
Paru chez Le Lombard, le 26 aout 2016, 13.99 euros,
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L’Histoire

Manhattan, Hiver 1941. Un homme est poursuivi par une étrange machine arachnoïde. Acculé, il refuse de se rendre et de trahir son maître, malgré la menace de mort imminente…
Six mois plus tard, le jeune Travis arrive dans un hôtel miteux de l’East. Il vient de perdre son père à la guerre et sa mère doit trouver un travail pour survivre. L’Amérique est engagée dans le Pacifique à Guadalcanal, tandis que l’Europe est écrasée par les nazis…
Après un emménagement sommaire, Travis descend dans la rue. Il y rencontre les gosses du voisinage. Les petits caïds le mettent à l’amende et lui confie une mission : donner une lettre codée à son voisin de palier, un vieil homme grincheux et secret, qu’ils craignent… Pour épater la galerie, Travis accepte !

Ce que j’en pense

Il plane sur “Les trois fantômes de Tesla” un air de Georges Orwell (1984), de Jules Verne, et même de Edward P. Jacobs (voir la couverture ?? de Blake et Mortimer)… Un peu comme Alex Alice avec son “Château des étoiles”, le scénariste-caméléon Marazano collabore avec Guillaume Bec pour nous offrir une trilogie d’aventure aux accents fantastiques et uchroniques.

Très documentée, “Les trois fantômes de Tesla” se situe précisément aux débuts de la seconde guerre mondiale, en Amérique. Dans le sillage de Travis, jeune garçon féru de sciences et d’un tempérament énergique, nous voilà partis pour vivre une aventure qui mêle adroitement contexte historique dramatique, géopolitique (les prémisses de la guerre froide), les sciences, le polar et l’anticipation… Avec ce cocktail très réussi, Marazano surfe sur de nombreux thèmes qui rappellent les récits fantastiques de Jules Vernes, en mettant en scènes des personnages bien réels. Les ingénieurs Edison et Tesla en lutte éternelle pour le contrôle de l’énergie électrique et de l’électromagnétisme, les gouvernements pendant la guerre sur fond de désinformation et de paranoïa gauchiste, Marazano s’amuse à tout mélanger pour notre plus grand plaisir. Certes, ce n’est ni très sérieux, ni scientifique, mais c’est sacrément agréable à lire, (pour ne pas dire à dévorer). Développant en parallèle les différentes intrigues et personnages, il construit un scénario dynamique et parfaitement huilé. C’est simple, malgré la relative complexité de ce monde uchronique, on ne décroche pas d’une seule seconde… Vivement la suite !

Au dessin, c’est une très belle surprise que Guillaume Bec nous offre. Repéré sur des séries d’humour jeunesse, il change radicalement de style et de technique. Son dessin classique, souple et dynamique cumule richesse des détails (Manhattan devient un personnage à part entière) et une composition cinématographique. L’ensemble est lisible, l’encrage est beau et expressif. Une vraie réussite, que j’ai eu la chance de découvrir dans une version noir et blanc, réservée aux libraires et à la presse. Quel boulot !

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