Théophile Gautier (Tarbes 1811 – Neuilly 1872) est un poète, romancier, peintre et critique d'art. Partisan du romantisme, populaire par ses romans historiques (Capitaine Fracasse), il devient l’un des théoriciens de « l’art pour l’art » et l’un des maîtres de l’école parnassienne qui défendait cette thèse.
La collection Folio 2 euros répond parfaitement à son but, faire découvrir un écrivain pour un investissement minimum en temps et en argent. Ce petit recueil de nouvelles ne déroge donc pas à cette règle avec ces quatre textes : Laquelle des deux (1880), La Chaîne d’or (1837), La Mille et Deuxième Nuit (1842) et Le Chevalier double (1840).
Les quatre nouvelles ont toutes plusieurs points communs, il y est question d’amour et de dualité. Un homme aime deux sœurs ou plus précisément, leur présence conjointe et non l’une et l’autre ; un autre aime deux femmes successivement, tous en souffrent jusqu’à ce que ce trio amoureux ne forme plus qu’un seul ménage ; une fée prend la personnalité de deux femmes pour combler d’amour un homme simple ; un jeune seigneur est le jouet de deux êtres qui l’habitent, il devra se débarrasser de l’un d’eux pour obtenir les faveurs de sa bien aimée. Comme vous le constatez, nous pouvons rajouter un autre point commun, une touche de fantastique discret et je compléterai en dévoilant des fins heureuses à chaque fois.
Théophile Gautier place ses histoires dans des décors exotiques comme on les aimait à cette époque, la Grèce antique et l’Orient. La nouvelle donnant son titre au recueil est certainement la plus réussie pour son idée de départ, un écrivain Théophile Gautier lui-même ( ?) reçoit la visite de Schéhérazade venue lui demander son aide, elle ne sait plus quoi raconter au sultan pour qu’il lui épargne la vie, espérant que l’écrivain aura matière pour relayer son imagination devenue stérile !
Un petit bouquin très agréable à lire, riche en vocabulaire, mais qui demande un minimum d’effort au lecteur d’aujourd’hui : savoir se replacer dans le contexte du XIXe siècle pour ne pas se gausser de ces histoires d’amour désuètes et apprécier la belle écriture empesée d’alors, « il avait fermé les yeux de son corps pour mieux voir le rêve de son âme ».

