Human Stock Exchange (T3)

Chronique « H.S.E. tome 3 »

Public conseillé : Adultes / Adolescents

Scénario de Xavier Dorison, dessin de Thomas Allart


Style : économique-fiction
Paru aux éditions « Dargaud », le 15 avril 2016, 48 pages, 13.99 euros,
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L’Histoire


Félix Fox, ex-vendeur de voiture, a vu sa vie changer depuis qu’il est côté au H.S.E. (Human Stock Exchange). Mais Simon, son évaluateur, vient lui rappeler qu’il doit constamment améliorer sa côte pour satisfaire ses actionnaires.. Félix, cloîtré dans sa superbe demeure, ne veut rien entendre.
Capturé par deux vigiles du H.S.E, il se retrouve dans un Hôpital. Officiellement, Simon l’a mis “au vert” pour jouer la montre. De plus, il a définitivement écarté Rachel, qui attendait un enfant de lui…
Dans la foulée, l’action de Félix remonte à plus de 1000 eurodollars, car son nom est associé à une annonce sans précédent. Les cotations “Red eyes” vont être ouvertes à tout le monde. De quoi faire rêver et investir le plus humble des ouvriers…

Ce que j’en pense


Xavier Dorison, le scénariste à succès de “Undertaker”, “Long John Silver”, “West”, “Le troisième testament”… clôture sa trilogie d’économique-fiction avec panache. Surfant toujours sur son pitch décalé et jouissif (et si l’être humain était côté en bourse comme une matière première ?), il finalise la série sur une belle envolée.

Après un premier tome de mise-en-place, un second où il explore les possibilités et les obligations dues à son état, nous retrouvons Félix dans une situation bien pessimiste. Tout semble perdu pour ce vendeur de voiture qui voulait être aimé et qui n’obtient qu’argent, femme et célébrité… et à quel prix ? La descente est sévère, quand il réalise enfin qu’il a perdu sa liberté en “vendant son âme”…

Sur un thème proche de Faust, (ou le diable est remplacé par le système boursier) Xavier Dorison et Thomas Allart jouent avec les codes de notre société et nos aspirations tellement humaines… L’argent comme seul dieu, seul but, et certainement seul démon..
Toujours aussi malin, Xavier clôture sa série sur une fin à rebrousse-poil. Puisque Félix ne peut sortir du système, il lui reste à le “pourrir” pour échapper à son contrôle… De quoi s’amuser avec ce pauvre Félix qui n’a plus rien à perdre…

Pessimiste et ironique, cette série d’anticipation économique est vraiment drôle et nous fait réfléchir au sens de notre société. Elle ne s’adresse pas particulièrement aux lecteurs boursicoteurs, mais à tout le monde. Et c’est là certainement, sa qualité principale.

Au dessin, Thomas Allart (“Les orphelins de la Tour”, “Les autres gens”) ne s’en sort pas mal. Son dessin réaliste n’est pas extrêmement précis, ni spectaculaire, mais il remplit sa mission avec efficacité.
La lisibilité est parfaite, les expressions correctes et la mise-en-page est variée. Certes, Xavier nous avait habitué à des collaborateurs d’exception, en pleine maîtrise de leur art… La jeunesse de Thomas se fait sentir et son style peut encore s’améliorer. Malgré tout, le résultat est là, et tout à fait honnête.

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