Chronique « Morgane »
Public conseillé : Adultes, adolescents
Scénario de Simon Kansara, dessin de Stéfane Fert,
Style : Médiéval fantastique
Paru aux éditions « Delcourt », le 6 avril 2016, 144 pages couleur, 17.95 euros,
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L’histoire
Morgane De Tintagel enrage. Elle vient d’apprendre de la bouche de Merlin, qu’Arthur, nommé Roi de Bretagne; n’est autre que son demi-frère ! Arthur, lui, exulte. Armé de l’épée magique Excalibur, il propose un duel à Morgane pour décider définitivement qui est digne de ce royaume ?
Morgane, toujours aussi rebelle, se lance dans un combat sans merci…
20 ans plus tôt, dans la Maison Tintagel, la reine hurle. Elle vient de mettre au monde à une fille, avec l’aide de la sorcellerie de Merlin. Le roi n’aura donc pas de descendance…
Mais le maître des lieux ne prend pas la nouvelle de si mauvaise grâce. Il sauve l’enfant des bras de sa mère en se disant qu’une fille saura régner.
Les année passent et la jeune Morgane montre des qualités et une combativité très masculine…
Ce que j’en pense
Voila un album aussi inattendu que bourré de qualité !
Simon Kansara, le scénariste de la série “MédiaEntity” revisite, avec l’aide du jeune dessinateur Stéphane Fert, la geste d’Arthur. Mais ce n’est pas une énième version ampoulée et convenue que les deux compères nous proposent. Simon se met du coté de la fée Morgane, ce personnage qui endosse souvent le rôle de “méchant” de l’histoire. Mais qui est cette femme et comment a t elle nourrie une telle haine ? Pas à pas, Simon nous raconte une jeune femme frustrée, colérique et rebelle, son passé et ses relations (tendues) avec son demi-frère et son mentor Merlin.












Ne vous méprenez pas, la légende Arthurienne est parfaitement respectée. Vous y croiserez bien Camelot, la table ronde, ses chevaliers, Arthur Pendragon, Lancelot et la reine Genièvre. Mais, passés à la moulinette, les hommes et femmes de la légende semblent animés par des émotions bien plus humaines et moins nobles…
Enfin, pour moderniser encore le point de vue, le récit est monté en flash-Forward / Flash-back et les dialogues sont contemporains, voire crus.
Au dessin, Stéphane signe un album BD de grande classe. Ses travaux précédents (animation et l’illustration), et son goût pour la peinture, aboutissent à un graphisme vif, coloré et original, comme on en voit peu en BD franco-belge.
Même si au départ, je n’étais pas très attiré par un dessin aussi extrême, j’ai trouvé qu’il se mariait remarquablement bien avec le récit médiévalo-fantastico-réaliste de Simon. Couleurs criardes, verts et pourpres, grands aplats, masses épurées et tranchantes composent un dessin puissant. Ce dessin ne se caractérise pas uniquement par sa “simplicité”. Stéphane y injecte des éléments décoratifs, qui rappellent les peintures de Mucha, de Van Gogh et les enluminures romanes…
Le visuel est aussi présent que prégnant, bravo !



Cet article fait parti de « La BD de la semaine », rassemblé chez Stephie, cette semaine. N’hésitez pas à regarder la sélection.