Le pouvoir des innocents – Car l’enfer est ici (Cycle 2, T4)

Chronique « Car l’enfer est ici », tome 4

Scénario de Luc Brunschwig, Storyboard de Laurent Hirn, dessin de David Nouaud,

Public conseillé : Adultes / Adolescents,

Style : Polar / Politique
Paru aux éditions « Futuropolis », le 8 avril 2016, 56 pages couleur, 13.0 euros,
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L’Histoire


A la fin du précédent épisode, Lou Mac Arthur, le candidat démocrate soutenu par Jessica Ruppert, a contre toute attente, remporté l’élection au poste de gouverneur !
Énervé par cette victoire, Angelo Frazzier, le parrain de la maffia locale, a passé ses nerfs sur Lucy, la jeune punkette démocrate, la laissant pour morte…
Domenico, le bras droit de Frazier, qui a une faible pour la jeune fille, l’emmène chez un ex-docteur pour tenter de la sauver…
Dans la prison de Rikkers en plein soulèvement, Joshua Logan, le soi-disant terroriste, a été pris en chasse par une bande de prisonniers afro-américains. Mais Logan est sauvé par ses réflexes d’ancien “marines”.
Poursuivi par un nouveau groupe, Joshua se terre dans un placard. Heureusement, l’arrivée providentielle de Jessica et Lou, dont le premier acte est de venir parler aux mutins, lui sauve momentanément la mise. Les deux politiciens viennent proposer aux prisonniers de prendre leur avenir en mains…
Chez le doc’, l’état de Lucy s’aggrave. Elle vient de faire une hémorragie cérébrale ! Aidé par Domenico, le vieux ex-médecin tente le tout pour le tout en lui perforant le crane, à l’aide d’une perceuse pour lâcher la pression…

Brunshchwig for President !


Voilà ce que j’ai envie de crier à la fin de ce nouvel épisode. Comme chaque année, j’ai retrouvé avec un immense plaisir ma série de politique-fiction américaine aux accents sociaux !

Avec ses deux compères au dessin (Laurent Hirn, et David Nouhaud), Luc passe la troisième et nous met aux premières loges pour en apprécier les conséquences.
Avec l’élection de Lou Mac Arthur au poste de gouverneur, tout change ! Le style et l‘implication sur le terrain de ces politiciens fait bouger les curseurs. Système carcéral participatif ; refus de faire grandir la haine ; création d’une police de proximité avec des flics issus de quartiers et d’ethnies défavorisées, les premières mesures sociales sont mises en oeuvre dans la foulée !

Bien entendu, l’arrivée au pouvoir de Lou n’est pas vu par tout le monde comme une “progression”. Ses adversaires républicains fourbissent leurs armes…

Toute cette politique-fiction aurait pu donner un gros pavé bien indigeste et chiant à lire. Mais Luc, Fabien et Laurent nous offrent un petit bijoux vivant, enrobé dans un polar dense et spectaculaire.

Avec un talent pédagogique rare, Luc raconte de l’intérieur, le système politique américain. Il le fait vivre à travers ses personnages complexes et attachants, et rend vivant cette politique, qui parait souvent si loin de nous. C’est simple, il faudrait mettre “Le Pouvoir des innocents” dans le programme de nos collégiens et de nos lycéens pour leur redonner l’envie.

Au delà des intrigues et des drames qui se jouent, ce que j’aime chez Luc Brunschwig, c’est sa capacité à écrire des personnages d’une densité et complexité toute humaine…
Dans ce nouvel épisode, au milieu d’une foule incroyable de portraits, Luc met en avant Domenico, le second couteau de Frazzier, et Lucy, son idylle… Tout le monde a droit à une deuxième chance, semble nous dire Luc, même si au départ, ce n’est pas gagné….

Coté dessin, le travail à quatre mains de Laurent Hirn (Storyboard et couleurs), David Nouhaud (dessin et couleurs) est absolument remarquable. Réalistes mais expressives, détaillées mais dynamiques, les planches ultra-lisibles des deux compères se dévorent comme du petit lait. Pourtant, ce n’était pas gagné avec une telle quantité d’histoires parallèles et de dialogues.

Le résultat est à la mesure du scénario de Luc : techniquement (et humainement) parfait !
Rrraaaah, il reste encore deux épisodes à patienter pour connaître enfin la conclusion de ce cycle. Que l’attente est longue !

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois