La Parole du Muet (T1) – Le Géant et l’effeuilleuse

Chronique « La Parole du Muet », tome 1

Scénario de Laurent Galandon, dessin de Frédéric Blier, couleurs de Sébastien Bouet,

Public conseillé : Adultes / Adolescents,

Style : Aventure intime
Paru aux éditions « Grand Angle », le 6 avril 2016, 46 pages couleur, 13.90 euros,
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L’Histoire


1927, Célestin est un fils de notaire provincial un peu empoté, mais bon garçon. Passionné de cinéma, il s’échappe du cocon familial et monte à Paris. Sur place, il retrouve le vieux cinéma l’Alcatraz et son bonimenteur, Anatole Fortevoix, qui bat le pavé. Anatole invite célestin pour une projection. Là, il constate que la salle est presque vide, car il ne passe pas d’actualités, mais uniquement des vieux films muets. Accompagné au piano par Jacques Mollard, un grand musicien invalide de guerre, la salle survit grâce à un autre genre de spectacle…
Après le repas, Anatole amène Célestin à une projection clandestine bondée. A défaut de chef-d’oeuvres cinéphiles, c’est un petit film d’une sublime « effeuilleuse » qu’il projette, sous le regard ébahi de tout ce petit monde.

Ce que j’en pense


Voilà un premier tome qui commence bien. Laurent Galladon (scénariste de “Gemelos”, “L’Envolée sauvage”, “Quand souffle le vent” chez Dargaud…) revient avec une histoire humaine et touchante comme il en a le secret.
Avec Frédéric Blier, le jeune dessinateur de “La lignée”, tome 4, il nous invite à suivre Célestin, son anti-héros du siècle dernier. Géant maladroit et profondément bienveillant, Célestin va tenter de vivre son rêve : monter à Paris pour travailler dans l’industrie (naissante) du cinéma.
Bien entendu, la réalité va rattraper notre benêt de service, et à défaut de devenir un grand réalisateur, le voici apprentis décorateur sur un plateau de cinéma.

Entre le décorum du cinéma dans les années 20, et une belle galerie de portraits glanées au hasard des rencontres (Anatole le bonimenteur, Marcel le décorateur, sans oublier la belle constance…) Laurent Galladon nous offre une histoire savoureuse, qui fleure bon les années 20 parisiennes et l’amour du cinéma. C’est évident, Laurent aime cet art muet, et arrive très bien à faire passer son plaisir. Avec “La parole au muet”, il nous invite à un voyage dans le temps, pour en apprécier le charme un peu suranné.

Ses personnages, Célestin en tête, sont aussi attachants que perdus et démodés. Vraiment touchants, j’ai aimé les suivre et espéré leur réussite.

Au dessin, Frédéric Blier assure plutôt bien. L’ambiance d’époque est parfaitement reconstituée. Les personnages (Célestin, Marcel, Anatôle…) sont expressifs et sympathiques. En plus, ça ne gâche rien, Constance a une plastique des plus agréables (ON SE CALME !). La mise en scène est assez classique, et Frédéric varie les plans et les formats de cases sans en faire trop.

Enfin, la couleur, assurée par Sébastien Bouet, ajoute des ambiances “passéistes”, mais aussi chaudes pour évoquer la lumière rasante (des projecteurs et des bougies). Quelquefois, la saturation est un peu forte, mais le résultat est agréable.

Cette première édition est complétée par un appendice historique et pédagogique, qui explique l’invention du cinématographe, plutôt bien amenée.

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Cet article fait parti de « La BD de la semaine », rassemblé chez Yaneck, cette semaine. N’hésitez pas à regarder la sélection.