Quel étrange roman ! Un roman qui demande une certaine forme de lâcher prise. Ne pas se poser de question, tendre la main et se laisser emmener sans crainte vers un exercice de haute voltige. Car ce portrait d’un portraitiste relève à la fois de la mise en abyme et du labyrinthe. Ce texte a d’ailleurs fortement résonné avec ma lecture récente de Veracruz. Ici aussi la littérature est un jeu, une imposture. Et derrière les excentricités de Mr Gwyn se cache une véritable réflexion sur le rôle de l’écrivain. J’ai beaucoup aimé ce personnage. Un personnage comme Baricco les apprécie, solitaire, animé par une détermination farouche, à la poursuite de rêves fous. Un homme touchant, hors des modes et du temps, évoluant dans un monde qui n’est plus le sien et qu’il cherche à fuir.
Le récit est porté par le style élégant de l’auteur de Soie. C’est à la fois subtil, mélancolique, poétique et décalé. Au final, il reste au lecteur une sensation assez indéfinissable où la délicatesse le dispute à la tendresse. Séduisant et délicieux.
Mr Gwyn d’Alessandro Baricco. Gallimard, 2014. 185 pages. 18,50 euros.
Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Ingannmic.