Mariages de saison de Jean-Philippe Blondel

Mariages de saison de Jean-Philippe Blondel

Si je ne connaissais pas l'auteur de ce roman, sans doute ne l'aurais-je jamais acheté. La couverture, le titre ou encore la quatrième de couverture, qui nous présente Corentin, 27 ans, qui " a devant lui cinq mariages et aucun enterrement pour trouver sa voie ", tout m'aurait incitée à passer mon chemin. Mais l'auteur, c'est Jean-Philippe Blondel, dont le précédent roman, Un hiver à Paris, m'avait réellement bouleversée. Alors je me suis dit qu'une telle histoire, avec son écriture à lui, ça passerait crème. Alors, verdict ?

Mariages de saison est un roman qui se lit tout seul. Il m'a fallu une après-midi, alors même que j'étais singulièrement éprouvée et fatiguée, pour en venir à bout. Je dois dire que mon jugement sera peut-être un peu biaisé : ce livre a eu le bon goût d'arriver au bon moment, dans ma vie. Le héros, donc, s'appelle Corentin. Il a le même âge que moi, il a abandonné ses études d'histoire et, tous les étés, il aide son parrain qui tient une petite entreprise filmant des mariages. De mai à septembre, il capture les regards, les gestes et les déclarations de ceux qui se promettent un amour éternel, tandis que sa vie est depuis longtemps comme mise en suspens.

Mais l'été qu'il traverse en cette année 2013 est différent. L'auteur nous décrit la rencontre entre Corentin et quelques personnages : Aline, jeune mariée a priori fade qui s'illumine lorsqu'elle se confie à la caméra ; Yvan son parrain, bourru et complice à la fois ; Aurore, la petite copine de Corentin qui, comme toutes les autres, se lasse de ce jeune homme sans avenir qui n'est jamais là les week-ends.

Je n'ai jamais trop aimé les cérémonies de mariage et les réunions de famille forcées. Pourtant, Jean-Philippe Blondel décrit à merveille les tensions inhérentes à ce genre d'événements, les petits et grands drames qui surviennent et les moments de grâce. En refermant le livre, je me suis surprise à penser que j'aurais aimé que les romans sentimentaux, que je vilipende souvent sans en avoir lu beaucoup, ressemblent à ça. Ici, l'auteur connaît l'humain, l'a observé longuement, et il en restitue la richesse dans une langue épurée et d'apparence très simple. Tout cela agrémenté d'une réflexion en demie-teinte sur l'observateur (qu'il soit aspirant réalisateur, écrivain ou simple curieux) qui regarde passer la vie des autres comme on regarde passer les trains, sans savoir lui-même quel est son chemin.

Sans doute ai-je préféré Un hiver à Paris, parce qu'il faisait douloureusement écho à une expérience personnelle plus forte, mais je suis très heureuse d'avoir retenté l'expérience avec Jean-Philippe Blondel. Un bon roman qui vient de sortir, et que je vous recommande donc : il me semble tout indiqué pour commencer en douceur cette nouvelle année 2016.