Les singes de Gandhi

Les singes de Gandhi

Après la lecture de L'homme qui a vu l'ours, j'avais envie de poursuivre mon exploration de l'oeuvre de Patrick Roy. Entre deux lectures, j'ai dévoré les soixante-douze pages des Singes de Gandhi.

L'Inde... Ce pays m'a toujours fascinée. Surtout pour ses contrastes. Passer "en un clin d'oeil de la terreur à la féerie", de la décrépitude à la luxure des palais...

Si Patrick, le je des Singes de Gandhi, décide d'aller en Inde, c'est pour suivre Pascale, sa nouvelle copine. Parce qu'avant qu'il ne chamboule sa vie, elle avait prévu de passer un mois en terre indienne et d'y fêter ses trente ans. C'est donc à deux qu'ils bouclent leurs valises et quittent Montréal.

L'itinéraire prévu est costaud: après un court passage à Mumbai, un peu de bon temps à Goa, un arrêt à Jaipur, puis à Agra - Taj Mahal oblige -, terminus à Delhi. Tout ça en un mois. C'est à bout de souffle que le couple parcourt le pays.

Patrick balade sa mauvaise humeur et son cynisme partout où il va. Et c'est franchement hilarant. Entre tradition et modernité, entre émerveillement et déception, le couple cueille quelques instants de bonheur au passage. Et ils font des rencontres qu'ils ne sont pas prêts d'oublier, dont celle de ce gamin gardien d'un palais abandonné, peuplé de singes.

Les singes de Gandhi

Bhagavad-Gita La profusion nous éberlue. Le mouvement de la foule ne nous laisse aucun repos. Nous dérivons plus que nous marchons parmi les étalages de saris et de marques américaines calquées, entre les poulets plumes suspendus par les pattes et les tables où se côtoient la et la biographie de Steve Jobs.

The Hindu Je tempête contre les Indiens que je ne supporte plus après vingt-cinq jours, avec leur cordialité marchande, leurs systèmes d'extorsion cousus de fil blanc, leur passion déraisonnable pour le piment fort et le culte qu'ils vouent aux animaux de ferme au mépris des conditions d'hygiène les plus élémentaires. Le quotidien parle d'une romance bollywoodienne et du bébé de Beyoncé. Tous des cons, que je conclus, des hypocrites qui se moquent de Gandhi même s'ils lui érigent des musées, mais la hargne lasse, à la longue, la toux m'oblige à baisser le ton. [...] Le matin où nous bouclons nos valises, j'ai pourtant du mal à me réjouir. J'ai mieux compris les bêtes, et si les miens me manquent, je ne sais pas quoi faire de cette mélancolie qui prend le dessus sur l'animosité, de cette tendresse pour les visages qui me reviennent et que la vie a ancrés ici.

Un récit de voyage comme je les aime: aux antipodes de l'exotisme, sans fard . Une petite novella rafraîchissante, servie par un humour railleur . Du bonbon!

Patrick Roy, Le Quartanier, 72 pages, 2013.