Le premier mardi c'est permis (43) : Esmera - Vince et Zep

Par Litterature_blog
Zep qui s’encanaille, j’avoue, ça m’intriguait. Il l’avait déjà plus ou moins fait dans « Happy sex » mais le registre restait humoristique (et le résultat était assez moyen je dois dire). Alors que là, avec Esmera, il donne dans le « porno chic », et même s’il ne signe que le scénario, j’avais hâte de savoir si le papa Titeuf allait lâcher les chevaux.
Verdict ? Du classique, pas transcendant mais plaisant, sans plus. L’histoire lorgne du coté du fantastique à la Manara. Esmera suit sa scolarité dans une école catholique italienne, à Gênes. Nous sommes en 1965 et la jeune fille, après avoir perdu sa virginité à la va vite dans un bal de village, découvre le plaisir avec sa compagne de chambre. Une révélation qui tourne à la stupéfaction lorsqu’elle se rend compte que chaque orgasme la fait changer de sexe ! Une situation difficile à vivre dont elle tirera partie avec plus ou moins de bonheur au fil du temps, de ses études à la Sorbonne à un passage éclair dans une communauté hippie d’Ibiza, des années sida à 2015, le tout sans prendre une ride puisque son étrange pouvoir l’empêche de vieillir. Des décennies jalonnées d’étreintes plus torrides les unes que les autres où Esmera, tantôt homme, tantôt femme, prendra le plaisir comme il vient sans trop se poser de questions…
Un album « pour public averti » enchaînant des cabrioles plus explicites les unes que les autres. Alors oui, Zep lâche les chevaux sans tricher. Aux crayons, Vince s’en sort avec les honneurs. Son trait réaliste en noir et blanc teinté de sépia rend un bel hommage aux courbes féminines et ses scènes de sexe, même lorsqu’elles offrent quelques gros plans, ne sombrent jamais dans le vulgaire.
Pas un chef d’œuvre, loin de là, mais une lecture agréable. Le vrai problème, c'est que ce « conte pornographique », comme le qualifie Zep, se révèle bien trop sage au niveau du scénario pour renouveler le genre. Dommage…
Impossible de finir ce billet sans pousser un gros coup de gueule par rapport au prix prohibitif de cet album. 24 euros pour 78 pages de BD, je m’étrangle, je m’insurge, je hurle à l’escroquerie ! Rien de particulier dans la fabrication, tant au niveau du format que de la qualité du papier, à peine peut-on souligner un cahier cousu et non collé. Même pas un dos toilé ou un ex-libris, même pas un cahier graphique en bonus, juste un album tout ce qu’il y a de plus banal qui ne devrait pas dépasser les 16 euros. Franchement, l'éditeur exagère.
Esmera de Vince et Zep. Glénat, 2015. 78 pages. 24,00 euros.