Retour ce mardi sur un petit chef d'oeuvre relativement récent, mettant en scène... la dernière histoire du Surfeur d'Argent.
Ne me dites pas que vous pensiez que le Silver Surfer, ce voyageur des courants cosmiques, n’est qu’un alien en slibard qui parcourt le cosmos sur une planche à repasser ? Si vous avez encore des doutes sur la qualité des histoires que l’on peut tirer de ce personnage, il est grand temps de vous pencher sur le cas de ce récent « graphic novel » que nous a proposé Panini Comics. D’autant plus que cette aventure du Surfer est censée être la dernière, bien qu’elle n’appartienne en réalité à aucune espèce de continuity marvellienne d’aucune sorte. Dans cette aventure, le héros cosmique est atteint d’un mal incurable, d’une sorte de cancer qui s’étend sur sa peau argentée et ne lui laisse que quelques semaines à vivre. Le docteur Richards, des 4 Fantastiques n’y peut rien, ni aucune autre sommité scientifique. L’idée de départ est donc des plus simples : un être aux pouvoirs hors du commun se heurte à la plus banale des engeances mortelles, ce même cancer qui avait fini par terrasser Captain Marvel dans une autre œuvre de légende, déjà recensée sur nos colonnes. Une histoire émouvante et adulte, qui met aux prises un grand héros sans peur et presque sans reproches, qui a toujours triomphé de toutes les épreuves, et qui doit fatalement se rendre à l’évidence : la maladie et la mort réclameront leur tribut, quoi qu’il dise ou fasse. De la rencontre avec Spiderman, pleine de retenue et d’émotions, au règlement d’un conflit entre deux races d’aliens si proches et pourtant si pleines de haine envers le voisin, le Surfer vit ses ultimes jours dans l’espoir d’illuminer et d’aider une dernière fois ses semblables. Avant un retour sur Zenn-La, sa planète natale, pour une mort dans les bras de sa bien aimée de toujours, qui en bouleversa plus d’un. On peut être ou ne pas être fan de Straczynski, qui avait su devenir incontournable ces dernières années chez Marvel, il faut bien admettre que son récit est quasiment parfait, et les dessins du croate Ribic (aujourd'hui l'artisan des nouvelles Secret Wars) sont à la hauteur de l’événement, magnifique et sobre en même temps, délicats et lumineux dans un habit pastel des plus attirant. REQUIEM, le bien nommé. Qui replace la figure du super héros dans une optique plus humaine et vulnérable, à l’heure où les justiciers costumés meurent et ressuscitent comme le quidam moyen attrape la grippe et se rétablit. Bien entendu, ce type de largesse scénaristique est possible uniquement quand les conséquences des inventions de l’auteur n’auront pas d’impact suivi sur les prochaines vicissitudes du personnage mis en scène, il s’agit donc avant tout d’une pause récréative où peut s’exprimer le fantasme du scénariste : plus encore que de donner naissance à un de ces héros de papier, lui écrire une digne épitaphe et le conduire jusque sa dernière demeure. Sans machine miraculeuse pour guérir, sans intervention divine ou de magie noire, sans cataclysme qui engloutit le cosmos ; une mort, une vraie, avec le silence et la solitude qui accompagne celui qui se presse de dire adieu aux siens, pour quitter la scène et l’espace, et ne laisser derrière lui qu’une planche de surf abandonnée sur une lointaine planète. RIP Silver Surfer, qui depuis a obtenu sa série régulière, enfin, avec Dan Slott au scénario.
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