La Comic-Con Paris, tout ça pour ça ?!

En posant ses valises à Paris, la Comic-Con savait qu'elle allait faire du bruit, en bien ou en mal. Prenant le créneau plus ou moins réservé à la Paris Comics Expo, le salon avait inquiété les fans de comics, face au peu d'annonces les concernant. On y a passé une journée, et on vous dit si c'était fondé.

Afin d'être complètement honnête, on notera que j'ai eu une accréditation presse pour la journée du vendredi, et que j'ai pu venir relativement facilement, habitant en proche banlieue parisienne ( contrairement à d'autres qui ont dû faire un long trajet, et payer). Du coup, je suis allé à la PCC sans regret, même si je savais que niveau comics, je risquais d'être déçu. Je savais déjà que Brian Michael Bendis avait dû annuler pour aider au tournage de sa série Powers, et qu'il y avait au final peu de personnalités comics intéressantes. Je reconnais l'aura de Frank Miller (qui me laisse de marbre) ou de Geoff Darrow, mais j'y allais surtout pour Matt Fraction, ainsi qu' Elsa Charretier et Pierrick Colinet, les auteurs de The Infinite Loop.

J'ai donc bêtement choisi d'aller à la Comic-Con Paris pour les...comics. Je peux comprendre que certains aimeront voir Shawn Ashmore (Iceberg des X-Men, ou.... euh..), ou Maisie Williams (Arya Stark de Game of Thrones qui a annulé le jour même), mais personnellement, ça ne me tente pas plus que ça. J'ai besoin d'un contact avec un auteur, et une signature sur un objet qui me tient à cœur. Quant à d'autres invités, comme Eric Balfour (alias '' le mec qu'on a vu dans plein de séries B mais on savait pas comment il s'appelle''), ou la moitié des YouTubers français, dire que ça ne m'intéressait pas est un euphémisme.

Je comprends l'attrait qu'ont ces personnes pour le grand public et beaucoup de geeks, mais ce n'est à mon avis pas ce qu'on attend d'une convention ''Comic''. Le dimanche, les fans auront l'insigne privilège de voir débarquer Squeezie et Cyprien, alors que la veille, l'équipe de Suricate aura montré la bande-annonce de son premier film. Je ne juge pas ces gens ( j'aime bien Suricate, et j'ai conscience de ne pas être le public visé par Squeezie et Cyprien), mais je me demande ce qu'ils font là. Il n'y a aucune cohérence sur les invités, et on le ressent à peine arrivé dans le salon.

Les stands des éditeurs français sont par ailleurs très peu nombreux : Delcourt est là, Panini Comics aussi, Glénat Comics et Comixology, et c'est à peu près tout. Urban est le grand absent ( alors que l'affiche de la convention représente les personnages DC), ce qui est dommage vu que c'est censé être l'adaptation de la plus grosse messe geek en France...

La Comic-Con Paris, tout ça pour ça ?!

Au rayon des invités, ce n'est pas non plus incroyable : j'ai apprécié le travail de l'invité de Panini Matteo Lolli, mais il faut bien admettre que ce n'est pas un artiste mondialement reconnu, et c'est un éditeur de comics au format numérique qui invite Kelly Sue DeConnick et Matt Fraction. Je ne critique pas Comixology, mais je pense que ça montre l'implication de l'organisation de la convention, qui s'est contenté d'un Miller (et de son comparse Azzarello le samedi) pour sa caution ''comics''. Par contre, Glénat Comics, qui s'est relancé tout récemment dans les comics, a assuré avec la présence de Kelly Sue DeConnick (en plus de Comixology), le couple Elsa Charretier/Pierrick Colinet et Geoff Darrow. Si je ne suis pas allé voir ce dernier, on a tous pu voir que KSD est absolument adorable, prend le temps de parler avec ses fans et de poser pour des photos. L'équipe de The Infinite Loop est aussi géniale, entre des dédicaces et des sketchs, et toujours avec un enthousiasme qui fait plaisir. Enfin, Matt Fraction a été parfait, a dédicacé tout ce qu'on lui demandait, et respire la gentillesse. Des invités rares, mais remarquables.

Retour à ma visite. Pas de surprise le vendredi après-midi, le salon est plus que rempli. Les artères centrales sont presque impraticables, et il faut absolument les contourner par les côtés pour espérer avancer. Sauf qu'avancer ne sert pas à grand chose, vu qu'il n'y a pas grand chose à voir. Hormis les stands Panini, Delcourt, et Glénat, le côté comics ''papier'' faisait vraiment de la peine. Un pauvre vendeur qui écoulait ses Sin City plus loin, le constat est là : ce n'est pas une convention pour les fans de comics. Certes, les Artist Alleys sont sympathiques, vu qu'on y trouve des dessinateurs intéressants (j'ai pu m'entretenir avec Fabrice Sapolsky qui est passionnant), mais aussi des très grands noms comme Amanda Conner et Jimmy Palmiotti, qui sont relégués dans un petit coin de ces ''Alleys''...

C'est bien simple, plus de la moitié des stands présents n'a rien à faire dans une convention, et devrait plutôt rester dans des centres commerciaux. Entre les innombrables vendeurs de Funko Pop, les boutiques de t-shirt geeks ou même la ''box geek de jeuxvideo.com'' (???), il faut bien admettre que le lecteur de comics n'est pas le public visé. Je vous passe le stand de cookies à 3€ pièce, ou les 8€ du croque-monsieur du Dernier Bar Avant la Fin du Monde, vous avez compris l'idée. N'oublions pas non plus le vendeur ''d'armes geek'', allant du katana en céramique dégueulasse aux répliques hors de prix des épées de héros, ou le seul stand qui faisait de l'animation, celui de... Canal Sat ( Vincent Bolloré, si tu nous lis, tu peux nous racheter).

Alors certes, il y avait des petites touches comics par endroits. Déjà, respect aux cosplayers, qui ont dû cuire sous leurs costumes, sachant que certains étaient ahurissants (même si on leur avait retiré leurs fausses armes à l'entrée, alors qu'elles étaient en vente à l'intérieur!), et bravo à Netflix qui a organisé une conférence apparemment sympathique avec l'équipe de la série Jessica Jones (et la diffusion du premier épisode). Bravo aussi aux rares stands de comics présents, notamment à ceux de Panini et de Glénat qui n'a pas désempli et dont les membres ont su rester souriants et serviables (sauf Adi). Un immense merci aux rares invités comics, à commencer par Elsa et Pierrick qui ont été adorables toute la journée, ainsi qu'à Matt Fraction.

Du reste, je ne reviendrai probablement pas dans cette convention geek, qui ne mérite pas de s'appeler ''Comic-Con''. Ils l'auraient appelée '' Geek Con'', on en aurait eu pour notre argent, là d'accord. Mais virer la PCE qui était une excellente convention pour ça, c'est presque une honte. Petite mention aux organisateurs de cette PCE, qui ont passé le week-end à se faire de la pub gratuite en rappelant ou en annonçant les invités à venir l'année prochaine. Parce que Joe Madureira contre Squeezie, ça va deux minutes.