Le rickshaw fantôme (et autres nouvelles) • Rudyard Kipling

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Éditions de L’Herne, 2015 (116 pages)

Ma note : 11/20

Quatrième de couverture …

La capote du rickshaw était retombée en arrière, et, à l’intérieur, aussi vrai que j’implore chaque jour la mort et que je redoute la nuit, était assise Mrs. Keith-Wessington, un mouchoir à la main, et sa tête d’or baissée sur le sein. Sans cesse je revenais à ce cercle de pensée, et sans cesse renonçais à comprendre, dérouté et désespéré.

Le loueur me déclara que jamais il ne voudrait se servir du rickshaw d’une memsahib morte, que cela portait malheur. Étrange idée, n’est-ce pas ? S’imaginer la pauvre petite Mrs. Wessington portant malheur à d’autres qu’à elle-même !

Le rickshaw conservait sa distance devant nous ; et mon ami aux favoris rouges semblait tirer grand plaisir de la description que je faisais de ses mouvements.

La première phrase

« Un des rares avantages que l’Inde possède sur l’Angleterre, c’est sa grande sociabilité. »

Mon avis …

La période d’Halloween approchant à grands pas, j’ai subitement eu envie de me replonger dans une ambiance livresque fantomatique et mystérieuse. Et cela tombe à pic : ce recueil de nouvelles de Rudyard Kipling s’y prête justement merveilleusement bien. Je tiens donc à remercier les éditions de L’Herne ainsi que Babelio pour cet envoi. D’autant plus que j’avais très envie de découvrir l’écriture de l’auteur du célèbre Livre de la jungle. A travers ce recueil comportant cinq nouvelles, Rudyard Kipling transporte son lecteur au cœur des Indes britanniques. L’occasion d’y croiser une jeune femme décédée, revenue hanter l’amour de sa vie ; un anglais ne trouvant pas le sommeil à cause de la chaleur de « La cité de l’épouvantable nuit » ; ou encore un petit garçon, se sentant transparent aux yeux de ses parents. Si je n’ai pas réellement accroché à la totalité des nouvelles, j’ai par contre apprécié suivre l’intrigue de la nouvelle éponyme ainsi que celle de « Sa Majesté le Roi ».

Le rickshaw fantôme

Abandonnée par son amant pour une autre, une femme décédée réapparaît mystérieusement à son ancien amour. Le cœur brisé, elle semble errer voire poursuivre Jack, l’homme à l’origine de sa cruelle déception amoureuse. Où qu’il se rende, ce dernier ne peut en effet faire un pas sans apercevoir le fameux rickshaw à l’horizon. Fantôme vengeur ou simple hallucination liée à une lourde culpabilité ? Cette nouvelle constitue pour moi la meilleure de ce recueil. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à l’écriture du grand Stefan Zweig, mettant en scène des intrigues autour du déboire amoureux. La tension monte peu à peu, menace la romance établie entre Jack et sa nouvelle promise, jusqu’au dénouement final…

La cité de l’épouvantable nuit

Cette nouvelle met en scène un décor : celui de l’ambiance nocturne de Delhi. Terrassés par le sommeil, mais tout autant par la chaleur, les hommes tentent de somnoler à l’air libre. Si Rudyard Kipling fait état d’un grand talent pour décrire et rendre compte d’une atmosphère et ce, avec une écriture très fine, j’ai malheureusement beaucoup moins accroché. Trop de descriptions : je n’ai pas réussi à être emportée.

L’homme qui fut

L’auteur nous livre ici un récit mettant en scène un officier, supposé mort depuis de nombreuses années, qui finit par refaire son apparition au sein de son régiment. Une nouvelle fois, je n’ai pas du tout accroché. Je me suis même totalement ennuyée. J’ai trouvé le tout plutôt confus, je n’ai pas du tout adhéré à son atmosphère… dommage, l’écriture de Rudyard Kipling est pourtant loin d’être inintéressante.

Sa Majesté le Roi

Un petit garçon, surnommé « Sa Majesté le Roi » éprouve le douloureux ressenti d’être inexistant aux yeux de ses parents. Il peut heureusement compter sur le soutien de sa nurse, Miss Biddums. J’ai cette fois-ci beaucoup aimé, tant j’ai trouvé cette nouvelle touchante. Si j’ai quelque peu été déstabilisée par son démarrage (j’ai trouvé le discours du petit garçon assez particulier pour ce qui était de se l’approprier), j’ai beaucoup aimé le final tout comme la réflexion que celle-ci peut nous apporter.

Le retour d’Imray

Accompagné de son chien le plus fidèle, un homme des forces de police s’installe dans un bungalow abandonné. Il est alors bien loin d’imaginer ce qui l’attend. Si le bungalow appartenait autrefois à un certain Imray, personne n’est aujourd’hui en mesure de dire ce qu’est devenu cet homme… Celui-ci a en effet brutalement disparu. Avec Le rickshaw fantôme, cette nouvelle se montre également plutôt inquiétante. Je suis restée scotchée par le final.

Pour résumer, je reste donc sur un avis plutôt mitigé concernant ma découverte de l’univers de Rudyard Kipling. Malgré un style d’écriture riche en descriptions, foisonnant, et pour le coup intéressant, je pense n’avoir été totalement convaincue que par Le rickshaw fantôme. Je retenterai pour autant l’expérience dans quelques temps… Il reste les sublimes illustrations ainsi que les petites lettrines débutant les nouvelles : je les ai grandement appréciées.

Extraits …

(Le rickshaw fantôme) « Pour achever le tout, au milieu de la route qu’on appelle le Mille des Dames, l’Horreur m’attendait. Il n’y avait pas d’autre rickshaw en vue – rien que les quatre jhampanies noir et blanc, l’équipage aux panneaux jaunes, et la tête dorée de la femme à l’intérieur – tous, en apparence, absolument comme je les avais laissés huit mois et quinze jours plus tôt ! »

Roman lu dans le cadre de la Masse Critique Babelio

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