Les fauves – Ingrid Desjours

Les fauves – Ingrid Desjours

DESJOURS, Ingrid. Les fauves. Robert Laffont, coll. La Bête Noire, 2015,440 pages, 20,50 €.

L'histoire :

" Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la ! " À la tête d'une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l'État islamique, l'ambitieuse Haiko est devenue la cible d'une terrible fatwa.
Lorsqu'elle engage Lars comme garde du corps, le militaire tout juste revenu d'Afghanistan a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit l'entière vérité sur ses activités ? Serait-ce la mission de trop pour cet ancien otage des talibans ?
Dans cet univers ou règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur garde.

Ce que j'en ai pensé :

Mon premier coup de coeur pour ce livre, c'est sa couverture. Sobre, simple, parfait ! Et puis, bien sûr, l'auteur, Ingrid Desjours, dont j'ai lu " Potens " et " Sa vie dans les yeux d'une poupée " : le premier m'a plu, le second m'a complètement retournée ! C'est donc avec un grand plaisir que je me suis replongée dans son écriture.
Autre généralité sur ce livre : il fait partie des deux premières parutions de la toute jeune collection thriller des éditions Robert Laffont, j'ai nommé : La Bête Noire ! Et, les amis, c'est une franche réussite.

J'ai trouvé Ingrid Desjours couillue (oui, bon, on se comprend !) sur ce coup-là, de prendre pour sujet le terrorisme lié à l'islam intégriste , c'est-à-dire LE problème politico-religieux qui fait malheureusement notre actualité depuis quelques années déjà.
C'est avec beaucoup d'intelligence qu'elle a construit ce thriller, notamment à travers des personnages emblématiques, terriblement sombres voire carrément terrifiant.
Tout d'abord, Haïko , trentenaire accomplie en apparence, fondatrice d'une association qui aide les jeunes recrues de l'Etat Islamique à se " désintoxiquer " du lavage de cerveau qu'ils ont subi sur Internet. Et puis
Lars , ancien militaire revenu d'Afghanistan complètement ravagé psychologiquement, bourré d'amphétamines pour tenir le coup, qui s'est reconverti dans la protection rapproché de personnalités. Il va en effet devenir le garde du corps d'Haïko qui est sous le coup d'une fatwa. Deux personnages très noirs , qui sont perdus dans leur passé à tel point qu'ils savent très bien qu'ils ne s'en sortiront certainement jamais.

Une fois le livre refermé, la première chose que j'ai pensé c'est : Wahou ! Grosse claque . Et c'est vrai que j'ai adoré la noirceur de ce récit, si réaliste, qui nous fait réfléchir. Vous pensez que ça ne parlera que d'islam radical ? Non, on a aussi l e catholicisme extrémiste qui en profite pour recréer une croisade des temps modernes , ce qui encourage encore plus les islamistes à se liguer contre cet occident qu'ils estiment menaçant et décadent. Un cercle vicieux que l'auteur décrit par petites touches.
Les réseaux sociaux ont une place très importante dans le roman puisqu'ils font et défont les réputations d'une part, et d'autre part ils sont le premier moyen de recrutement (Twitter est la première arme de l'Etat Islamique, comme j'ai pu le lire dans " L'Etat Islamique " de Samuel Laurent).

Et puis, autre axe de réflexion, le plus noir, le plus perturbant, le plus triste aussi, se fait au travers du personnage de Lars. Il s'agit de la d échéance psychologique des soldats de retour au pays. Lars était en Afghanistan, il a vu des hommes mourrir, il en a tué, mais surtout, il a été fait prisonnier pendant quinze jours. Quinze jours qui ont détruit sa vie et fait perdre toute confiance en l'être humain. Rien qu'avec ce personnage, on sent qu'Ingrid Desjours a une formation de psycho-criminologue : la profondeur psychologique et les descriptions de Lars sont géniales .
Un peu de regrets concernant Haïko, dont j'ai trouvé qu'on n'allait pas autant en profondeur. J'ai moins accroché à ce personnage.

Enfin, je soulignerais le gros travail de recherches et de documentation pré-écriture qu'a dû fournir Ingrid Desjours. Un peu dommage que la bibliographie en fin d'ouvrages ne soit pas plus étoffée.

Un roman qui ne laisse pas indemne. Une fin à la hauteur du roman, qui fait honneur aux personnages et à leur décadence. Ma première expérience avec La Bête Noire est réussie ! Next !

Vous aimerez si...

  • Vous êtes sensible à l'actualité géopolitique, notamment sur le terrorisme.
  • Vous n'avez pas peur des personnages très sombres !

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois